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QUELQUES MOTS PRONONCÉS PAR M. PAUL SAUZET , AU SUJET DE LA MORT DÉ
                       M. VICTOR THIOLLIÈRE.
   M. Victor Thiollière appartenait, comme membre titulaire, à l'Académie
de notre ville. Voici en quels termes M. Paul Sauzet, président, annon-
çait à la Compagnie la perte qu'elle venait de faire en la personne du
savant et regrettable académicien :
    « Les deuils se succèdent dans notre Compagnie. Nous payions, à la der-
nière séance, un tribut d'hommages à la mémoire de M. Alexandre de
Humboldt, l'un de nos plus illustres associés, qui s'est éteint plein de
jours et de gloire. Une perte plus intime et plus imprévue vient nous
affliger. Cette fois, celui qui est frappé à nos côtés est un de nos confrères
titulaires, de nos concitoyens fidèles, de nos amis de tous les jours ; et il
nous est enlevé dans la vigueur de l'âge, au milieu du plein épanouissement
 de toutes ces forces du corps et de l'intelligence qui semblent promettre
Un long avenir. C'est un de ces coups foudroyants qui s'adressent de pré-
férence aux plus riches natures et paraissent vouloir briser les organisations
les plus puissantes avec plus de rapidité que toutes les autres, comme pour
 Confondre les fiertés de notre sagesse par de douloureux contrastes et de
redoutables avertissements.
    « L'épreuve ne pouvait être plus amère, car elle tranche une de ces ries
pures et laborieuses qui ne connurent jamais ni une ambition, ni un en-
 nemi, et qui s'écoulent tout entières dans l'honneur et la paix, sans re-
chercher d'autres plaisirs que les actions généreuses, d'autre gloire que les
savantes découvertes.
    « M. Victor Thiollière possédait (et il était peut-être seul à l'ignorer),
tous les caractères de la vraie science, l'amour du travail qui la prépare,
la persévérance qui la mûrit, l'élévation d'esprit qui la couronne, la bien-
veillance qui en fait le charme, la modestie qui en double le prix. Cette
modestie fut poussée jusqu'à l'excès : elle le rendit quelquefois injuste
envers lui-même, timide envers le public et même envers des confrères qui
l'ont tous aimé ; mais si elle a pu nous priver de quelques manifestations
solennelles, elle ne fit jamais rien perdre à la science ; ses lumineux écrits,
ses consciencieuses recherches l'ont noblement servie ; il lui consacrait son
temps, sa belle intelligence, son honorable fortune. Il aimait surtout à as-
 socier son pays aux efforts et aux fruits de son incessant travail ; il se plai-
sait à appeler le concours des artistes lyonnais, à vous offrir à vous-mêmes
de riches et précieux dessins.
    « Ses infatigables explorations traçaient chaque jour de nouveaux
sillons dans le domaine de la géologie, si vaste, si profond, si supérieur par
son utilité pratique à tous les rabaissements des préjugés vulgaires. La
morl seule l'a interrompu. Ses dernières heures ont dû être douloureuses :
la tendresse de ses parents les a adoucies, la religion les a consolées. 11 meurt
pleuré des siens, aimé de tous ceux qui ic connurent, estimé de la cité,
regretté par les Compagnies savantes où sa mort creuse un vide difficile à
combler. Il laisse parmi nous le suave parfum d'une vie sans tache et sans
relâche, paisiblement active et modestement féconde. Son souvenir nous
reste comme un de ces rayons dont h\ douce clarté pénètre d'autant mieux
l'âme qu'elle n'emprunte rien aux vains éblouissements d'un ambitieux
éclat et qu'elle s'allume saus cesse au foyer toujours serein de la science et
 de la vertu. »
                   CHRONIQUE LOCALE.
   — La ville si agitée par le passage des troupes qui allaient en Italie est
rentrée dans son repos ; pendant quelques jours on ne voyait que régiments