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432 DE 1,'ÉDIT CONCERNANT
« ceux qui en faisaient partie dans chaque province et pouvaient,
« à ce titre, être appelés à de solennelles délibérations. »
Cette phrase qui pourrait être exacte si l'auteur n'avait voulu
parler que des armoiries timbrées et s'il ne l'avait employée que
pour une certaine époque ne l'est plus depuis longtemps, et si
l'on parcourt l'armoriai du Beaujolais on peut facilement se
convaincre que, parmi près de cinq cents familles, dont les
écussons figurent et sont dessinés dans l'ouvrage, il en est plu-
sieurs dont les membres n'ont jamais pu ni dû être appelés Ã
de solennelles délibérations. Aussi l'ouvrage de M. de La Carelle
cst-il sous ce rapport, par l'extension que l'auteur lui a donné
pour le rendre aussi complet que possible, plutôt un monument
élevé involontairement et en partie à de modernes amours-
propres, qu'une constatation authentique des droits nobiliaires
des familles qui y sont désignées ; mais tel qu'il est c'est toujours
un recueil d'armoiries fort utile, seulement il faut y laire la sé-
•paration de l'or pur d'avec le chrysocale, car si l'on consultait
La Chenaye des Bois ou D'Hozier, ou même des généalogistes
plus complaisants qui ont écrit avant 1789, il est bien des fa-
milles citées par M. de La Carelle, qu'on ne saurait trouver dans
ces auteurs, ou qui ne paraîtraient n'ayant pour titres à des
armoiries que les droits quelles auraient pu acquérir en vertu et
conformité de l'ordonnance de Louis XIV du mois de no-
vembre 1696.
Louis XIV, dont les finances étaient épuisées, cherchant un
moyen de se procurer de l'argent, pensa avec raison qu'un des
meilleurs moyens pour arriver à ce but était de spéculer sur
l'amour-propre et l'orgueil de ses sujets. L'édit de novembre
1796 eut pour objet apparent de registrer ou de recueillir les
armes et armoiries, non pas seulement des nobles mais des per-
sonnes, quelles qu'elles fussent, les armoiries de tous ceux qui en
auraient et toutes les armoiries en général, celles des provinces,
bourgs, terres, dignités, compagnies, corps et communautés.
Ces corps n'étaient point des individus qui jouissaient de la
noblesse, car il existait des corps qui, non seulement étaient
composés de personnes non nobles, mais même dont l'état dé-