page suivante »
288 HISTOIRE LITTÉRAIRE Cette pièce de vers a e'té beaucoup trop louée. Elle finit par un jeu de mots qui n'est pas dans la nature. Une mère qui a perdu son enfant n'exprime pas sa douleur par des antithèses ; le cœur, surtout le cœur maternel, a un autre langage. Mais ces pensées quintessenciees étaient dans le goût d'Ovide, et le chantre des Métamorphoses, qui dédia le poème des Fastes à Germanieus, parait avoir exercé sur le génie poétique du héros une influence très-marquée. Germanieus eut un frère puîné, le célèbre et malheureux Claude. Ce prince, qui fut empereur, naquit dix ans avant l'ère chrétienne, et, comme son frère, à Lugdunum. Claude a été jugé sévèrement, par les anciens comme par les modernes. Négligé dans son enfance par sa mère Antonia et par l'impératrice Livie, dédaigné par Auguste, il traversa, sans être remarqué, le règne de Tibère, sans être molesté, celui de Caligula. Son extérieur manquait d'agrément, son esprit de vivacité. A ces défauts, se joignaient des goûts et des habitudes vulgaires, contractées dans l'isolement. Faible, timide, embarrasé , parfois bizarre, les beaux viveurs de Rome, ceux qui dévoraient dans un dîner de riches patrimoines, lui reprochaient encore son intempé- rence. Et, cependant, ce prince si décrié pour ses inclinations, pour ses vices, pour son ineptie, avait su, dans sa jeunesse abandonnée, acquérir assez de connaissances pour com- poser plusieurs livres d'une histoire de Rome, rédiger un Quand le glasson coulant sur son col avansé La teste sépara ; dont la mère dolent, En l'urne la mectant. se dict : 0 teste ayméc. Je te fis pour le feu pour te reirdre inhumée, De tes membres la reste aux eaucs je fais présent, Et je, ta mère, n'ai, 0 pauvre infortunée, Que la part qui me faict scavoir mon mal présent. [Cangè, n» 8058, f. 139).