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270 UÉPUQUE «K M. L'ABBÉ ROUX
qu'une ruse de guerre pour cacher ses coupes sombres. M. Bernard
serait-il comme les sauterelles de l'Egypte qui ne laissèrent
après elles qu'une terre nue et désolée?
Mais je me trompe : c'est sans doute sa sollicitude pour la ré-
putation de l'éditeur de La Mure qui fait parler M. Bernard ;
peut-être est-il ce sage ennemi, qui, au moins, n'écrasera
jamais la mouche sur le nez d'un ami. Qu'il se rassure. L'éditeur
des Ducs de Bourbon ne se propose qu'une chose, c'est de donner
le texte de La Mure qui est une mine inépuisable pour les
érudits.
Il le purgera autant que possible des erreurs qui s'y rencon-
trent: pour cela faire, il consultera 1° les trois volumes in-folio
des notes autographes de La Mure lesquelles lui ont servi pour
son Histoire des comtes de Forez : 2° les auteurs que La Mure cite
à chaque page, et d'autres ouvrages plus modernes ; 3° les pièces
originales citées par La Mure. Ces dernières qui sont déposées
aux Archives nationales depuis la confiscation des biens du
connétable ne relèvent point de la découverte de M. Bernard,
comme il s'en vante, et les titres concernant nos provinces ont
été signalés, dans un ouvrage imprimé il y a plus de trente ans,
ouvrage très-connu, fort consulté et qui est antérieur à tous
les travaux de M. Bernard. Mais l'éditeur ne prendra pas la peine
de venir les lire [ à Paris ) car ses études ne l'ont pas préparé Ã
ce genre de travail, qui demande une vocation particulière. (Le
compliment n'est pas flatteur).
Pour moi je suis convaincu que si M. Bernard et l'éditeur des
Ducs de Bourbon entraient en concours ils obtiendraient exœquo
le prix de paléographie. Il suffit pour cela, que tous deux possè-
dent cette science au même degré, et qu'ils l'aient acquise par
le même procédé.
Ce sont les savants élèves de l'Ecole des Chartes qui ont copié
pour M. Bernard les cartulaires de Savigny et d'Àinay qu'il a
publiés, et celui de Cluny que nous regrettons de n'avoir pas
encore. Les mêmes élèves ont mis leur complaisance et leur savoir
au service de l'éditeur, qui de cette manière peul revendiquer
une vocation « toute particulière.» On dira peut-être que ce n'est
pas par procuration qu'on peut faire des recherches fructueuses
dans les archives, nous savons à quoi nous en tenir sur la valeur
de cette assertion. Quant à la dernière conclusion de M. Bernard,
je l'abandonne à son malheureux sort. La voici : Le manuscrit de
l'Histoire des Ducs de Bourbon est un livre de bibliothèque bon Ã
consulter, non à publier. Ce qui veut dire : Mettez-le dans toutes
les bibliothèques, mais pour cela ne l'imprimez pas -, consultez-
le, mais faites qu'il soit impossible de le consulter.
Ma tâche est finie. M. Bernard ne me reprochera pas de m'être
échappé par la tangente. Je ne regrette que les mots un peu vifs
qui ont pu tomber de ma plume, toute mon excuse est dans
l'amour que je porte à la vérité, amicus Plato, magis arnica
veritas.
J.RQUX.