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                               ET DE L'INDUSTRIE.                             217

t( rais un Phidias ou un Polyclète, quand tu ferais les
«  ouvrages les plus admirables, c'est à ton art seul que les
«  louanges seront adressées, et de tous ceux qui regarde-
«  roat tes chefs-d'œuvre, il n'y a personne, pour peu qu'il
«  ait de sens, qui veuille te ressembler. Tu passeras pour
«  un vil artisan, un homme qui vit du travail de ses mains. »
   Nous savons maintenant, au juste, l'état que l'antiquité
faisait de ses artistes ; elle les rangeait sans scrupule ni re-
mords sur la même ligne que les gens de salaire. Seulement
la subtile Athènes, grâce à la distinction si crûment exprimée
par Plutarque avait trouvé le moyen de concilier ses préjugés
contre le travail avec sa passion pour les arts.
   Disons, pour rendre a chacun ce qui lui appartient, que
cette distinction vient de Platon. Si le disciple l'applique
avec tant de rigueur aux artistes c'est qu'à l'exemple du
maître il n'a pu supposer que l'action de tailler le marbre ou
de combiner des couleurs fût compatible avec la volonté et
le loisir de s'élever h la contemplation des essences, de faire
fleurir en soi la beauté intérieure, de former son âme a la
vertu, de rechercher les rhythmes d'une vie tranquille et
courageuse. Or , c'est celte recherche qui nous rend
meilleurs, (Ap(srof) c'est en elle que consiste la véritable su-
périorité ; quand on est possédé du désir de l'acquérir et
qu'on y tend par l'étude de soi-même et de la justice, on est
de la race d'or, suivant Platon; on aie droit de commander
aux autres, suivant Aristote.
   Platon divisait les arts en deux catégories: ceux qui peu-
vent rendre meilleur quelque chose qui est à nous, comme
l'art du cordonnier et du tisserand, et ceux qui nous rendent
meilleurs nous-mêmes, comme la musique, les mathémati-
ques, l'astronomie, la grammaire, la gymnastique, la philo-
sophie, la médecine. (1)
     (1)Voir surtout le Premier Alribiade et les livres 2 et 3 de la République.