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ET DE 'L'INDUSTRIE. 199 écoute' d'Athènes : Sénateurs, s'écrie le charcutier, au moment où il voit son rival prêt à l'emporter sur lui, Sénateurs, j'ai une grande nouvelle a vous annoncer : jamais on n'a vu les anchois à si bon marché. A ces mots qui lui concilient tous les esprits et ramènent la joie sur tous les fronts , sa cause est gagnée; le peuple lui décerne une couronne, et Cléon conspué est chassé de l'assemblée par les Prytanes. Ceci est de la satire, mais ce qui n'en est pas, c'est le langage que. tenait Périclès pour se justifier de l'enlèvement du trésor commun de la Grèce, destiné à fournir aux frais des guerres nationales et déposé à Délos sous la garde d'Apollon. Périclès l'avait fait transporter a Athènes, et, au grand scandale de la Grèce, l'avait employé a la construc- tion des magnifiques édifices qui ont illustré son temps. Ses ennemis l'accusaient d'avoir déshonoré le nom d'Athènes par cette déprédation. A quoi Périclès, avec sa gravité or- dinaire, répondait en s'adressant a ses concitoyens : « Vous ne devez aucun compte de ces deniers a vos « alliés, puisque c'est vous qui faites la guerre pour eux et « retenez les barbares loin de la Grèce ; l'argent, du moment « qu'il est donné, n'est plus a celui qui le donne, mais à « celui qui l'a reçu, pourvu seulement que celui-ci rem- « plisse les engagements qu'il a contractés en le recevant. « Vous êtes parfaitement pourvus de tout ce qu'il faut pour « faire la guerre ; si le trésor est surabondant n'est-il pas « juste que vous l'employiez à des ouvrages qui procurent « a votre ville une gloire éternelle, et, après l'achèvement « desquels, Athènes continuera de jouir d'une opulence « qu'entretiendra le développement des industries de tout « genre. Une foule de besoins nouveaux ont été créés qui « ont éveillé tous les talents, occupé tous les bras et fait de « presque tous les citoyens des salariés de l'Etat. Ainsi la « ville ne tire que d'elle-même ses embellissements et ses