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ALLOCUTION DU PRÉSIDENT, 183 raison et de l'exemple; elle hait les révolutions et les guerres qui agitent le monde, sans avancer la cause de l'humanité. Il y a dans cet élan des nations qui se coalisent pour étouffer, à l'envi, les semences de guerre et se précipiter toutes ensemble au devant de la paix; il y a dans ce cri d'angoisse, que tous les peuples élèvent k la fois auprès de tous les trônes, pour les conjurer de ne pas interrompre cette ère pacifique de civilisation chrétienne et de fraternelle fécon- dité, quelque chose de touchant et de sublime, irrésistible comme la voix de l'humanité, sacré comme la voix de Dieu. La philosophie se fait une gloire de servir d'écho a cette grande voix, et tout en travaillant, par la paix, à l'union poli- tique des peuples, elle jette sur l'avenir de l'unité religieuse, un profond et confiant regard. Celle-là aussi, elle ne songe à l'imposer k personne; l'unité fut sans doute, dans les siècles de foi, l'unique refuge de la liberté. Mais, dans nos temps agités, la liberté est devenue, à son tour, la princi- pale force et peut-être le seul chemin de l'unité. Le progrès même de l'esprit humain, en épuisant les secrets comme les limites de son domaine, entraîne son insatiable activité k la recherche du seul domaine qui ait échappé a sa puissance ; il aspire k l'infini. A la lueur de la science et sous lèvent de l'épreuve, il se fait une réaction immense qui ramène le matérialisme au spiritualisme, le spiritualisme au christianisme et le chris- tianisme, lui-même, au centre de l'unité. Dans cet élan des sociétés vers l'unité et vers l'infini,le règne des sectes nationales est condamné a finir; tout ce qui porte le caractère d'une création de l'homme, ne saurait satisfaire sa raison, ni dominer sa conscience. Les grandes autocraties territoriales, ne sont guère que des institutions politiques au profit des forts; elles constituent pour les peuples le plus