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                  HYGIÈNE DE L'OUVRIER.                      65

aux mains de quiconque a charge d'âmes et de corps, je
ne l'appellerai point un livre d'éducation proprement dit :
je ne le livrerai pas au premier venu, el par conséquent, je ne
le mettrai pas en circulation parmi des élèves. Cette réserve
est loin d'être un blâme. Obligé d'éclairer les classes popu-
laires sur tout ce qui peut nuire à leur santé, à celle de leurs
enfanls el de leurs apprentis, l'auteur aurait été incomplet
et aurait manqué son but, s'il n'eût abordé franchement le
chapitre le plus important et le plus délicat de son sujet,
celui des mœurs. Les allusions môme ne suffisaient pas : il
fallait entrer dans le vif de la question, la traiter sous ses
phases diverses, signaler tous les dangers pour recommander
tous les préservatifs. Et pourtant il fallait éviter les termes
techniques, afin d'être clair el intelligible aux lecteurs les
moins préparés; il fallait se garder d'une certaine crudité
de détails, indispensable sans doute à la science pure, et
pour elle inaperçue ; mais qui, pour les gens du monde,
approche du cynisme: il fallait ne ressembler en rien à ces
livres, dont les titres menteurs voilent les tableaux les plus
licencieux, amorcent de candides ignorants, fournissent une
pâture empoisonnée aux imaginations vagabondes, et souil-
lent en pure perte des mémoires trop complaisantes ou
maniaques. Il ne fallait être ni vague, ni indiscret, ni obscur,
ni scandaleux, ni incomplet, ni superflu, sous peine de faire
plus de mal que de bien, avec les meilleures intentions du
monde. M. Fonteret nous paraît avoir habilement passé
 entre ces divers écueils, grâce à son parti pris d'aller droit
 à son but, d'écrire pour les ouvriers et nullement pour les
 savants, de faire un livre enfin, qui ne prétendît pas bien
 mériter à la fois des famiiles et des académies. C'est encore
 un des mérites que iui reconnaît l'éminenl rapporteur de la
 Société de médecine. Mais, plus l'ouvrage couronné remplit
 son objet propre, moins il est possible de le mettre aux mains

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