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t22 NOTICE SUR BOSCARY DK V1LLEPLA1NE. il n'attendait plus que l'échafaud. La chute de Robespierre le sauva. Au printemps de 1795, il vint dans le Beaujolais avec sa famille rejoindre le pauvre exilé ; cette réunion eut lieu à Régnié, chez leur beau-frère, M. D'Aigueperse (1). Qu'on juge de ce que durent éprouver, en se retrouvant, ces deux frères si tendrement unis qui avaient cru ne jamais se revoir! Cette scène dont fut témoin celui qui écrit ces lignes, a laissé dans ses souvenirs une impression que le temps n'a pu effacer. Dans le courant de cette même année, Boscary de Ville- plaine retourna à Paris, où il reprit son état d'agent de change et s'occupa de rétablir sa fortune, mais en septem- bre 1797, il eut la douleur de perdre le frère chéri auquel il devait tant. Il acquitta noblement sa dette envers sa veuve et ses enfants : son active sollicitude rassembla les débris de leur fortune et il sut en tirer le meilleur parti possible dans leur intérêt. II vécut toujours au milieu d'eux et fut constamment l'objet de leurs affections les plus tendres. Lorsque au 18 brumaire (novembre 1799) Napoléon vint présider aux destinées de la France, Boscary de Villeplaine salua son avènement au pouvoir, en consacrant tout ce qu'il avait de capitaux disponibles a acheter des rentes sur l'État. Au bout de quelques années, une partie de ces capitaux avait sextuplé de valeur , d'autres avaient gagné encore davantage. C'est ainsi qu'il fit une seconde fois sa fortune qui finit par dépasser de beaucoup celle qu'il avait perdue à la Révolution. Bien des gens appelleront cela du bonheur, c'était tout simplement de l'intelligence ; il avait deviné le génie de Napoléon. En 1805, il acheta la belle terre de La Granye-du-Milieu qui jadis avait appartenu au maréchal de Saxe ; il y conser- (1) Juge au tribunal civil de Villcfriinche sous le Consulat et l'Empire.