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20 N'Oïict-: sur. ISOSCAUY DE VILMSI'LAINE.
et il ne lui fut pas possible de lui faire rien accepter de plus.
1 est a regretter que le nom de cette digne femme se soit
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perdu ; il paraît certain que beaucoup d'autres Lyonnais lui
ont dû leur salut dans ces temps désastreux.
Au bout d'une demi-heure, la femme au panier vint effec-
tivement h passer. M. Boscary la suivit sans rien dire ; elle
le conduisit à plus d'une lieue de la ville, dans une maison
isolée où il se trouva tout-a-coup au milieu d'une réunion
d'hommes d'assez mauvaise mine; c'étaient les guides qu'on
lui avait promis. Naguère contrebandiers de profession, ils
avaient échangé leur métier si hasardeux contre un emploi
beaucoup plus noble, mais aussi plus périlleux, celui de
conduire hors de France et de sauver ainsi de malheureux
proscrits. Il ne faut point oublier qu'ils risquaient leur vie
en se chargeant d'une pareille mission ; on sait que la répu-
blique était impitoyable lorsqu'on tentait de lui arracher ses
victimes. Après avoir soupe ensemble, M. Boscary se mit en
marche avec deux de ces hommes, ils étaient tous les trois
bien armés : la marche fut longue et pénible et dur toute la
nuit a travers les bois et les rochers, Ils évitaient avec soin
les chemins battus et les sentiers frayés, afin d'échapper a
la vigilance des postes nombreux répandus sur te frontière.
Après avoir ainsi franchi les premières assises de la chaîne
du Jura, on arrive le matin a un ruisseau qui formait la
limite de la France ; et lorsqu'on fut sur la rive opposée,
les deux contrebandiers dirent a celui qu'ils venaient de
sauver : Fous pouvez à présent vous moquer de la Répu-
blique. Comme ils avaient été charmés de la gaîté qu'avait
montrée M. Boscary au milieu des dangers et des fatigues de
la route ils ajoutèrent : En vérité, vous avez l'air d'un bon
vivant cl franchement c'eût été dommage qu'on vous eût
guillotiné.
Après avoir généreusement récompensé ses guides ,