page suivante »
NOTICE SUR BOSCARY DE VILLEPLAINE. 17
K pas mieux qu'elle choisît ce moment pour sortir de Paris ?
« Nous formerions avec les Suisses un bataillon carré ; nous
« avons au moins huit pièces de canon à notre disposition,
« il est vrai que nos canonniers ne sont pas sûrs, mais les
« pièces seraient servies par les Suisses. Les rebelles ne
« pourront être prêts avant deux heures; je sais que la
« route de Rouen est parfaitement sûre. Ce parti serait
« excellent, reprit le roi, si j'étais seul; mais voyez (en lui
« montrant la reine et ses enfants) les êtres que j'exposerais
« au carnage. »
La reine insista de nouveau en disant ; « Mais Sire ,
« M. Boscary a raison. »—« Non, répondit le roi, on nous
« attaquera pendant notre marche ; nous nous défendrons,
« il y aura du sang versé a cause de moi, et c'est ce que
« je veux empêcher à tout prix. » La reine se tourna vers
M. Boscary en lui faisant un geste de douloureuse résigna-
tion; elle avait compris que tout était perdu (1).
Aujourd'hui, qu'on juge les choses de sang-froid, il est
évident que ce parti était, non-seulement le meilleur , mais
le seul qui pût sauver la famille royale. Placée au centre
d'un carré formé par les troupes fidèles, elle serait facile-
ment parvenue à Courbevoie, où l'on aurait trouvé un
puissant renfort dans le reste du régiment suisse, qui aurait
même pu venir au-devant du roi. De la à Rouen, la route
était libre, les émeutiers des faubourgs de Paris ne se
seraient certainement pas hasardés en rase campagne, et
d'ailleurs il était facile de faire venir de Rouen, où comman-
dait M. le duc de Liancourt, le régiment suisse de Salis qui
s'y trouvait en garnison. M. de Liancourt s'attendait Ã
chaque instant à voir arriver a Rouen la famille royale ; la
population de la ville était généralement bien disposée. Que
(I) ,Ic tiens ces derniers détails de la bouche de M. Boscary l u i - m ê m e .
2