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NOTICE SUR BOSCARY DE VILLKPLAINK. 11 Peu de temps après l'arrivée de son jeune frère à Paris, connaissant déjà son aptitude aux affaires , il le chargea d'une mission en Espagne, mission où ce dernier justifia pleinement la confiance qu'on lui accordait. A cette occasion Boscary de Villeplaine apprit la langue espagnole pour laquelle il conserva, toute sa vie, un goût très vif; il s'estimait sur- tout heureux de pouvoir lire Don Quichotte dans l'original. Rentré en France après une absence d'environ un an, il devint bientôt l'associé de son frère aine, et quelques années plus tard, en 1785, il fut nommé agent de change. Les deux frères qui vécurent toujours dans l'union la plus intime, mirent en commun leur intelligence et leur activité. Pendant plus de dix ans, leurs opérations ne furent qu'une longue suite de prospérités. Au moment où éclata la révolution de 1789, ils possédaient une fortune de cinq millions dont trois à l'aîné, et deux au plus jeune âgé alors de 32 ans ; cette somme représenterait aujourd'hui une valeur plus que double de ce chiffre. Ce qui valait mieux encore, ils jouissaient l'un et l'autre d'une considération qui ne s'attache qu'aux fortunes honorablement acquises. Mais le temps des épreuves était arrivé. Nous touchons à la terrible époque de 89 qui ébranla la France jusque dans ses fondements. Si cette révolution n'eût pas eu lieu, ou si Boscary de Villeplaine eût vécu dans des temps plus tranquilles, il eût achevé paisiblement le cours d'une vie embellie par le bonheur de la famille et par tous les dons de la fortune: On se serait borné a dire de lui que c'était un honnête homme qui avait su se créer une belle existence. La Révolution le montra sous un jour bien différent et révéla en lui des quali- tés que, jusqu'alors, il n'avait pas eu l'occasion de faire con- naître. Une rare énergie de caractère, un amour ardent de son pays, un jugement sûr qui lui désignait toujours le. meilleur parti a suivre au milieu des dissensions de sa