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	280 PHILOSOPHIE. idées religieuses, et c'est par la force de la logique, non de parti pris. Ecoutez-le vous prévenir d'un ton qui rappelle Descartes : « Si je trouve Dieu , et les vraies lois de l'ordre moral, ce sera par bonheur , et je serai plus croyable que ceux qui, partant de préjugés, ne tendent qu'à les établir par leur théories. » A partir de ce moment nous n'avons plus qu'à laisser parler les pages du Journal, ce testament d'un cœur sin- cère, scellé du sceau véridique de la mort. Rien de plus positif, rien de plus éloquent que ces belles et naïves confidences. « Il faut s'attacher, aujourd'hui, au seul être qui reste immuable, qui est la source de nos consolations dans le présent et de nos espérances dans l'avenir... Stat ad judicandum Dominus, ad judicandos populos ; celui qui n'a pas cette idée sans cesse pré- sente au milieu du bouleversement de toutes choses, celui qui, avec un sens moral est témoin de toutes ces choses, et ne pense pas à Dieu, à la règle invariable du juste et de l'injuste, et aux conséquences inévitables qui suivent cette règle, celui-là , dis-je, doit tomber dans le désespoir. Pour me garantir du désespoir, je penserai à Dieu, je me réfugierai dans son sein. » Et ailleurs, « comment ne pas éprouver le besoin d'éloigner tant de tristes pensées , de pénibles sentiments, lorsqu'on n'a pas cherché d'assez bonne heure un appui hors de ce monde de phénomènes, et que l'idée de Dieu, de l'immortalité ne vient pas à notre se- cours. Heureux celui qui peut dire avec saint Paul : Omnia possum in eo qui me confortât. » De là à la prière, à cet acte qui réunit toutes les puissances de l'âme pour les élever plus haut que soi, fait taire toutes les voix du monde extérieur, et soumettre l'énergie elle-même de notre moi, à la volonté du Père céleste et à l'inspiration de l'Esprit-Saint, il n'y avait qu'un pas : « Je prie Dieu, » s'écrie Maine de Biran, « qu'il me donne cette paix que le monde ne peut donner, et que l'homme trouve si difficilement en lui par ses propres forces. » On dit que les hommes deviennent religieux ou dévots en avançant en âge , parce qu'ils ont peur de la mort et de ce qui doit suivre dans une autre vie. Cette objection est réfutée : « J'ai, quant à moi, la conscience, que, sans aucune' (erreur semblable, «ans aucun