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                             ETUDE
                                  SUR LES




  MOEURS DES MOINES DE CLUNY
                     A u XII e siècle,
     Luc à la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône,
                  à la séance publique du 17 juin 1858.




   Je crois, comme Voltaire, que « le vrai but de l'histoire n'est
 « pas de savoir en quelle année un prince, indigne d'être connu,
 « succéda à un prince barbare, chez une nation grossière, » mais
 de chercher à saisir, au milieu de la confusion des faits et des
 événements, le caractère, les mœurs et l'esprit des nations. C'est
 donc une étude de mœurs que je me propose de vous soumettre
aujourd'hui , ou plutôt une simple scène détachée du grand
tableau des mœurs françaises, au moyen-âge. On a beaucoup
parlé des ténèbres et de la barbarie du moyen-âge ; il n'est pas
difficile, cependant, de voir percer à travers ces ténèbres de
brillants rayons de lumière, et cette barbarie n'exclut ni la poli-
tesse, ni le goût, ni le sentiment des choses de l'esprit. C'est ce
que je voudrais montrer aujourd'hui en me transportant, non au
milieu d'une cour brillante, mais au fond d'un cloître ou plutôt
au fond des bois et en prenant pour personnage principal démon
récit, non un empereur ou un chef d'armée, mais un chef de
communauté, un abbé. Pourquoi choisir un monastère et un
abbé ? Parce qu'à cette époque, l'esprit monastique a envahi le
monde es! qu'il est difficile d'étudier le moyen-àgc, sans être