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                       LK PÈRE DE LA CHAiZK.                            141
de France une des persécutions les plus cruelles qu'elle ait
jamais subies.
   Les évèques et le clergé catholique avaient, à l'unanimité,
consacré l'usage des billets de confession. Les parlementaires se
crurent fondés à contraindre les évoques et les prêtres à admi-
ministrer « sans condition » l'Eucharistie à tout Janséniste qui
la réclamerait et ce, sous peine d'amende, d'exil ou de prison.
   « Ils finirent, dit le comte de Maistre, par violer les tabernacles et en
arracher l'Eucharistie, pour l'envoyer au milieu de quatre baïonnettes,
chez le malade obstiné qui, ne pouvant la recevoir, avait la coupable
audace de se la faire adjuger. »

   Sacrilège si manifeste que Quesnel lui-même avait déclaré :
« que faire violence pour extorquer les sacrements, c'est assez
faire pour s'en rendre indigne. »
   En vain, le roi rappelait aux parlementaires qu'ils n'avaient
point à s'immiscer dans les questions religieuses, qu'elles étaient
hors de leur compétence ; en vain, il cassait leurs arrêts. Non
seulement ils ne tenaient aucun compte des décisions royales,
mais ils poussaient l'obstination et le faiîsl'nme jusqu'à livrer aux
flammes les mandements des évoques qui leur étaient défavora-
bles et à supprimer les brefs du Pape. Le roi ordonnait-il des
poursuites contre la Gazette Janséniste, infâme libelle., où su
personne et celle du Souverain Pontife, étaient traînées sur la
claie, le Parlement prenait hautement sa défense. Paraissait-il
un mandement de l'archevêque de Paris contre les turpitudes
des convulsionnaires, le Parlement mettait ces frénétiques sous sa
protection et faisait même en leur faveur des remontrances. Le roi
voulait-il contraindre les magistrats à respecter les lois du
royaume, ils refusaient d'administrer la justice, et tous les procès
restaient en suspens.
   Par un arrêt aussi audacieux que schisinatique , le Parlement
de Paris « défendait à tous ecclésiastiques de faire aucun acte ten-
dant au schisme, notamment de foire aucun refus public de sacre-
ments, ou de déclaration du nom du confesseur, ou d'acceptation de
la balle Unigenitus. » Ce fut cet arrêt qui servit, désormais, de
règle de conduite à tous les Parlements et présidiaux de province.