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                        LE PÈRE DE LA CHAIZE.                             137
ainsi : « 11 ne voulut jamais pousser Port-Royal-des-Champs jus-
qu'à la destruction, ni entrer en rien contre le cardinal de
Noailles quoique parvenu à tout sans sa participation. »
   Fénelon , malgré sa modération habituelle , n'avait pas usé de
la même indulgence à l'égard des Jansénistes. On sait, qu'étendu
sur son lit de mort, une de ses dernières et de ses plus vives
prières au P. Le Tellier, fut de hâter la destruction de Port-Royal
qu'il considérait avec raison comme un foyer de révolte plein de
périls pour l'Eglise et pour l'Etat.
   Un an avant la publication de la bulle Unigenilus, le P. Quesnel
avait solennellement déclaré qu'il était prêt à se soumettre à
toutes les décisions du Saint-Siège ; à peine eut-elle paru qu'il
s'éleva contre elle avec emportement soutenant que « cette bulle
renversait la foi de fond en comble et qu'elle frappait d'un coup
cent et une vérités. » En même temps , il prêcha en tout lieu la
désobéissance au Saint-Siège, fidèle à ce triste rôle jusqu'à son
dernier soupir.
   Saint-Simon , à propos du livre des Réflexions morales , avance
un fait trop bizarre et trop inexplicable pour qu'il ne porte pas
en lui-même sa réfutation.
   n Le P. de la Chaize , dit-il, eut toujours sur sa table le Nouveau Tes-
tament du P. Quesnel, qui a' fait tant de bruit depuis et de si terribles
fracas , et quand on s'étonnait de lui voir ce livre si familier à cause de
l'auteur, il répondait qu'il aimait le bon et le bien partout où il le rencon-
trait , qu'il ne connaissait point de plus excellent livre , ni d'une instruc-
tion plus abondante ; qu'il y trouvait tout ; et que, comme il avait peu de
temps à donner par jour à des lectures de piété , il préférait celle-là à
toute autre. »

   Ce récit plus que suspect n'a pu être dicté à Saint-Simon qu'en
haine du P. Le Tellier, successeur du P. de la Chaize. Est-il sup-
posable que le Père de la Chaize qui, par ses idées personnelles,
par sa qualité de Jésuite, par sa position de confesseur et de se-
crétaire d'Etat des affaires ecclésiastiques, était et devait être
l'adversaire des Jansénistes , ait fait du livre de Quesnel sa lec-
ture habituelle et favorite ? Comment le confident qui devait être
chargé par Louis XIV de hâter, par l'entremise du Général de son
Ordre, la condamnation des Réflexions morales eût-il précisé-
ment choisi ce livre pour guide spirituel ? Ce récit blesse trop la