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  88                             BIBLIOGRAPHIE.

  pauvres égarés que ce Français sans aucun préjugé. — Un Lyonnais , je
  crois, — qui a , « par ambition , abandonné son nom , sa religion et son
  pays. » Au reste, parmi les différentes sectes chrétiennes de l'Amérique du
  nord, nous en voyons dont les cérémonies ont une certaine analogie avec
  celles des derviches, et qui mettent la danse —- la danse presque convul-
  sfonnairc —au nombre de leurs exercices religieux.
     Je voudrais bien faire pénétrer le lecteur dans le harem de Son Altesse -,
* mais le peu d'espace d'un compte-rendu ne me permet pas de décrire « celte
  brillante prison » renfermant « des créatures déshéritées, si intéressantes, si
  douces, si dignes d'un meilleur sort. »
     Nos voyageurs , aidés d'une protection toute, puissante, vont remonter
  le Nil sur un bateau à vapeur mis à leur disposition, « où se trouvent réu-
  nies des conditions de bien-être ignorées sur nos bateaux phalanstériens. »
  Cette partie de voyage sur le Nil est spirituellement dessinée. La couleur
  locale, ce charme de l'observateur et de l'artiste , donne de l'intérêt au
  tableau. On aime d'autant mieux cette couleur locale q u e , dans notre
  Europe uniformisée, elle n'existera bientôt plus, et que l'on ne voudra pas
  se déranger pour voir ce que l'on a chez soi. Voilà où aboutira la facilité
   de locomotion : on ne se mettra en route qu'avec l'intention de traiter des
  affaires et non par curiosité.
      Un accident, arrivé à la machine du vapeur, ne permet pas à nos explo-
   rateurs d'aller beaucoup plus loin que Siout, et ils sont forcés de revenir
   au Caire. Ils y assistent au retour de la caravane de la Mecque, et ils
   y sont témoins de la joie, de la dévotion et du fanatisme des Musulmans
   à l'aspect des hadjis ', hommes et femmes, qui seront désormais l'objet
   du respect de leurs coreligionnaires. « Plusieurs mannequins , figurant
   assez bien des Européens, ont été brûlés à la grande jubilation de tous les
   Musulmans présents, qui se divertissaient fort de voir ces chiens de chré-
   tiens livrés aux flammes. » Dans notre Europe civilisée, de pareilles satur-
   nales ont lieu, et il est en usage, à Londres , chaque année , de brûler le
   pape et les cardinaux, à la satisfaction de la populace anglaise.
     Nos touristes infatigables vont faire une course aux Pyramides , gravis-
   sent sur leur sommet, et. se donnent même le plaisir de la chasse à la bête
   fauve, dans les plaines environnantes. Les Bédouins forment une espèce
   de corps, auquel est confiée la sûreté des voyageurs ; un chef a toute au-
   torité sur eux, et c'est lui qui touche le plus clair des bénéfices qui devraient
   être partagés entre ses hommes. Voici ce que ne cessaient de répéter ces
   pauvres gens : Le cheik lutte mangir, lutte bibir et donner le bâton à nous.
   Les cheiks qui , chez nous, sont à la tète de certaines compagnies indus-