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80                       Mgr CHALANDON.
dit n'avoir jamais eu autant de peine qu'ici pour fendre les rangs
et parvenir à la chaire d'où il répandit de graves paroles, après
avoir patiemment attendu et puis invoqué le silence qui, à sa
voix pleine d'onction, devint absolu. Le concours des pèlerins
est inoui, et toute autre force morale que celle du Pontife, serait
devenue impuissante, devant un tel développement de forces
numériques. — Il y avait donc, aux Saintes-Maries-de-la-mer,
harmonie parfaite entre les flots de pèler'ns et les flots de la
Méditerranée, qui viennent baiser le rivage.
   Tous les fidèles passeut la nuit dans le temple lui-même ,
confondus daus les mêmes transports, la même adoration, les
mêmes espérances, en chantant d'unanimes cantiques. — H y a
là toute une émanation de la primitive Eglise, toute une scène des
catacombes et des cryptes, quand les premiers chrétiens se
pressaient, dans leurs agapes noclurnes, autour des tombeaux
des martyrs.
   A 9 heures du soir, Mgr. Chalandon vint de nouveau parler
dans la chaire, et dès le grand matin du 25, les communions
commencèrent avec un clan qui rappelle le moyen-âge catho-
lique et français.
   Les vêpres du 25 offrent exactement le coup d'oeil, le firma-
ment de cierges, les émotions du 24 ; et c'est encore pendant le
Magnificat, que les châsses sont remontées à la hauteur de leur
sanctuaire, mais n'y sont point introduites , devant demeurer
exposées aux regards des fidèles pendant toute l'octave. —Mon-
seigneur qui, durant ces deux jours, fit preuve d'une prodigieuse
activité, a encore prononcé aux vêpres du mardi, une allocu-
tion écoutée avec tout le respect que toutes ses paroles inspirent.
   Aussitôt après l'office, tous les pèlerins se remettent en route,
et le défilé des chars qui les emmènent, est un des spectacles
les plus curieux que l'on puisse voir. — Point de désordres,
point d'anarchie dans cette retraite. 11 régnait, le 25 mai 1858,
une. affreuse tempête ; les visiteurs étaient entassés sur les voi-
tures, souffraient, et tous étaient calmes, recueillis , et s'en al-
laient en continuant le cantique des Sainles-Maries, reportant au
foyer domestique, les bénédictions qu'ils avaient reçues.