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60                    LE JEUDI-SAINT A ROME.

 paraissait y prendre un vif intérêt. Autrefois, dans les âges de
 ferveur et de foi, Charlemagne, Alfred-le-Grand, saint Louis roi
 de France s'imposèrent ces rites d'humilité, de charité évangé-
 lique, et ils en sont restés plus grands encore dans l'histoire.
    Chaque apôtre ou pellegrini, immédiatement après que le
 lavement des pieds a eu lieu pour lui, reçoit du pape, du cardinal-
 diacre ou du trésorier d'Etat qui suivent Sa Sainteté, un bou-
 quet de fleurs artistement groupées et deux médailles commé-
 moratives de l'honneur qui lui est fait, l'une d'or, l'autre d'argent,
 souvenirs précieux et religieusement conservés.
    Au-dessus de l'immense vestibule de Saint-Pierre s'élève
une vaste salle nommée la loge vaticanc, choisie pour la Cène
ou le dîner de ceux qui représentent en ce jour les apôtres.
Autrefois, cette cérémonie avait lieu dans une des salles du
palais , mais Grégoire XVI, prenant en considération le grand
nombre de personnes qu'attirent à Rome les solennités de la
Semaine-Sainte , ordonna que la Cène serait transférée dans ce
local plus vaste et d'un plus facile accès. La table étroite, lon-
gue, formée en rectangle, est élevée sur une estrade. Les pel-
legrini sont assis tous du même côté. En face d'eux sont les
tribunes réservées aux princes , aux ambassadeurs , aux da-
mes, etc. ; au pied des tribunes, un espace est livré à la cir-
culation des hommes et séparé par une barrière de la table ;
cette dernière est ornée de cristaux et d'orfèvrerie ; des statuettes
dorées d'apôtres alternent sur toute la longueur avec de magni-
fiques vases ou urnes Médicis, garnis de pyramides de fleurs
naturelles qui exhalent les plus suaves odeurs. Les apôtres arri-
vent l'un à la suite de l'autre. Ils attendent à leur place jusqu'à
ce que le pape entre. Sa Sainteté, qui a changé de vêtements,
vient en soutane de laine, roehet et mozette blanche bordée
d'hermine ; le service de la chambre l'accompagne en mantel-
lone.
   Les apôtres se mettent à genoux à l'entrée du souverain pon-
tife. Il leur donne à laver l'un après l'autre, et cela fait, il
bénit la table. Un chapelain secret fait une lecture relative à la
cérémonie. Les plats sont portés par les prélats qui les présen-