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18              DE L'UNITÉ DE L ' A M E PENSANTE

  ble de croire que c'est la môme âme en qui la pensée a
'passé de la puissance à l'acte et en qui elle peut aussi de
  nouveau momentanément retourner de l'acte a la puis-
  sance ?
     Si donc l'âme tout entière existe et agit sans la cons-
  cience, dans la première période de son existence et plus
 tard dans certains états, de plus ou moins longue durée,
 où est la difficulté d'admettre qu'alors même qu'elle est en-
 trée en possession de la conscience , elle ne l'est pas sur
 tous les points, pour ainsi dire, de son domaine, qu'elle con-
 tinue d'agir non plus totalement, mais partiellement encore,
 à son insu et qu'elle exerce simultanément une activité
 consciente et une activité inconsciente, selon les conditions
 et la sphère dans laquelle elle agit. Je sais que je pense et
 que je suis, est-ce à dire que je doive connaître tout ce que
 je suis, dans toutes les profondeurs et dans tous les recoins
 de mon être, ou même que je doive me souvenir de tout ce
 qui s'est passé dans ma conscience ?
    Dira-t-on que la conscience pénétrant jusqu'à l'essence
même de l'âme, elle ne peut rien ignorer de ce qui en émane ?
Mais si au-dedans de nous, la connaissance du phénomène
ne va pas sans celle de la cause, la connaissance de la cause,
qu'on y prenne garde , ne va pas non plus sans celle du
phénomène. Quelque étroitement liées , quelque insépara-
bles qu'elles soient, il en est une cependant, celle du' phé-
nomène , qui provoque l'autre , pour ainsi dire , et qui la
détermine dans son rapport avec elle. Jamais l'âme s'est-elle
saisie comme cause en soi et indépendamment de tout
phénomène? C'est de la conscience des phénomènes qu'elle va
à son activité essentielle, et non de son activité essentielle
aux phénomènes. Si donc elle ne connaît son essence qu'au
sein d'une corrélation avec tel ou tel acte déterminé, ne se
peut-il pas que cette conscience de la cause soit liée a cer-