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412                         BIBLIOGRAPHIE.
              Sa patience et sa sobriété ;
           J'oublîrais aisément l'air de stupidité
                 Que l'esclavage seul lui prête.
           Mais il fit preuve, un jour, d'une autre qualité :
                Il sut pardonner une offense

   Voit-on d'ici ce pauvre animal si accablé de mépris, si roué de
coups, offensé, pouvant se venger un jour et pardonnant ? La
solennité de ce vers : II sut pardonner une offense, est une de ces
bonnes fortunes que l'écrivain est toujours heureux de rencon-
trer.
   Les sujets de M. Donzel ont été pris plusieurs fois autour de
nous. C'est à Grigny que deux Chats font de la philosophie au
coin du foyer domestique ; c'est à Grigny que gentil Grillon ap-
prend à ses dépens ce qu'il en coûte de poursuivre la gloire. Ces
riens flattent et caressent le lecteur et donnent un air de vérité à
la fable. L'imagination est fixée et l'on se prend à dire : ce n'est
point un conte en l'air ; la chose est arrivée , puisque l'auteur
nomme même le lieu de la scène.
   A l'imitation de son maître Lafontaine, M. Donzel néglige par-
fois un peu sa versification. Mais n'a-t-on pas dit, maintes fois,
que la fable n'avait pas besoin de parure, et qu'il ne lui fallait
que de la naïveté, de la simplicité , de la verve et de l'entrain.
Nous croyons que tout cela se trouve dans la pièce suivante, que
nous regardons comme une des meilleures du recueil, et par la-
quelle nous terminons cet aperçu :

                    LA POULE ET LA. PERDRIX.

                Lasse de voir la cuisine
             Engloutir Å“uf et poulet
             Chez la Perdrix, sa cousine,
             La Poule fit le projet
             De vivre à l'état sauvage,
             Ensemble en commun ménage ;
             Et la Perdrix consentit
             A pondre en un même nid.
             La Perdrix pond la première,