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                 LETTRES SCR LA SARDAIGNE.                    349
les enluminages naïfs elles reliefs allégoriques,quidécoraient
les façades des maisons, s'effacent peu-à-peu sous le badigeon
piémontaiset les fumées du charbon de terre. Aussi, lorsqu'il
parcourt ces rues proprettes et dallées , lorsqu'il visite ces
églises blanchies à la chaux, ces maisons européennes, ces
cafés ornés de glaces encadrées dans le cuivre, si ce n'étaient
 ce langage bizarre, italien et catalan, qui ronfle et siffle à son
oreille, ces costumes étincelants et variés, et surtout la beauté
 des femm,es, beauté grave et puissante, mais où la passion en-
 noblit la matière, le voyageur pourrait se croire dans une
 ville florissante des côtes de l'Italie.
     Les habitants de Sassari, fiers de l'importance industrielle
 de leur cité et de leur civilisation plus avancée , convaincus
 de leur supériorité intellectuelle , et surtout pleins d'un mé-
 pris jaloux pour les rues montueuses , les toits en coupole ,
 l'aspect barbaresque et sauvage, le palais et le golfe immense
 de Cagliari, réclament, pour leur ville, le siège du gouverne-
 ment et de la vice-royauté ; mais c'est une prétention que rien
 ne justifie. La magnificence et l'importance unique de la po-
 sition de Cagliari, sa population plus nombreuse, ses richesses
 et son antiquité en ont fait, pour toujours, la capitale de la
 Sardaigne. Sassari ne possède pas un seul monument d'une
 valeur artistique réelle ; son hôtel-de-ville est d'une insigni-
 fiance complète ; sa salle de spectacle , brillante et coquette,
 est encagée entre quatre murs ennuyés , percés de fenêtres
 monotones; et, malgré l'enthousiasme du docteur, malgré ma
 bonne volonté, je n'ai pas éprouvé la moindre extase devant.
 la cathédrale.— Cette église, célèbre en Sardaigne, est située
 sur une petite place, à côté du Corso. Quelques marches con-
  duisent à une galerie extérieure, formée de trois pilastres
  réunis entre eux par une voûte et couverts d'ornements ro-
 coco : au-dessus de l'arcade du milieu , jaillit l'écusson épis-
  copal. Une corniche arrondie, hérissée de balustres , soutient