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LOUIS-PHILIPPE D'ORLEANS. 229 par un texte législatif celte puissance de l'agiotage qui devait coûter à tant de familles leur honneur et leur sécurité, à la morale publique ses larmes les plus amères, et propager parmi nous ce culte effréné de l'or par lequel se dépravent et s'é- teignent insensiblement les croyances les plus respectables et les plus salutaires. L'orgueil national éprouva à cette époque une satisfaction légitime dans l'éclatant accueil qui fut fait par toutes les classes du peuple britannique au maréchal Soult, envoyé par le roi des Français comme ambassadeur extraordinaire au couronnement de la reine Victoria. A la vue de ces démons- trations enthousiastes, la France parut oublier la rivalité séculaire des deux nations, et la poignante agonie du captif de Sainte-Hélène, et les hostilités sourdes et incessan- tes de nos implacables ennemis. Louis-Philippe se ré- jouit de voir l'alliance anglaise un moment populaire en France. De nouvelles démonstrations de Louis Bonaparte vinrent obscurcir ce rayon d'allégresse. Revenu de l'Amé- rique pour embrasser une mère mourante, le jeune prince s'était fixé à Arenenberg, d'où il menaçait par sa présence le gouvernement auquel il avait attenté. Louis-Philippe fit som- mer la Suisse d'expulser ce dangereux banni, et 25,000 hom- mes furent mis en mouvement pour trancher les indécisions de la Diète. Une proclamation véhémente qualifia de turbulent voisin un peuple dont le plus grand tort était de n'avoir que des considérations de droit public à opposer aux menaces et aux démonstrations de la France. Louis Bonaparte mit fin lui-même à ce périlleux conflit en quittant Arenenberg pour se rendre à Londres, d'où devait bientôt le ramener une nouvelle tentative plus malheureuse encore que la pre- mière. Mais cette modeste victoire fut plus que balancée par un échec parlementaire qui, au point de vue de la domination