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156                LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.

lus à périr ou à renverser la monarchie, les insurgés s'em-
parèrent de plusieurs points importants, et concentrèrent le
gros de leurs forces dans le quartier Saint-Martin. Les chefs
militaires du gouvernement éprouvèrent un moment d'indé-
cision cruelle, et le maréchal Soult lui-même se Gl remarquer
dans le principe par une mollesse d'agression qui sembla d'un
fâcheux augure. Réunis comme au 28 juillet pour arrêter l'ef-
fusion du sang, les députés de l'opposition résolurent d'envoyer
au roi des commissaires pour l'exhorter à ne point abuser de
la victoire qui se déclarait en sa faveur ; ils devaient aussi re-
présenter au roi les dangers de sa persistance dans un système
politique qui compromettait de plus en plus l'honneur et la
sécurité de la France. MM. Arago, Barrot et LaffiUe furent
désignés. Mais ils se présentèrent aux Tuileries au moment
où Louis:-PhiIippe, qui venait de reconnaître en personne les
forces de l'insurrection, rentrait transporté des acclamations
populaires décernées à son courage. Le roi écouta sans fa-
veur les représentations qui lui furent faites, et défendit avec
abondance et ténacité son système de gouvernement. Il re-
poussa vivement l'imputation de sympalhiser avec le parti
carliste, lui, dit-il, le plus mortel ennemi des Bourbons de la
branche aînée, et déclara que «jamais l'émigration ne lui avait
pardonné de ne s'être pas joint à elle. Je ne suis devenu roi,
ajouta Louis-Philippe, que parce que moi seul je pouvais sau-
ver la France de l'anarchie et du despotisme. » Puis, s'eni-
vranï, pour ainsi dire, de la supériorité de position que venaient
de lui faire les derniers événements, «l'élément des révolu-
tions existe chez toutes les nations de l'Europe, et toutes n'ont
pas l'étoffe d'un duc d'Orléans pour les terminer. En résumé,
conclut-il, mon système de gouvernement n'a contre lui que
les carlistes et les républicains (1). »

  (1) Procès-verbal de l'entrevue de MM. LaffUte, Arago et Odilon Barrot
avec le roi, le 6 jiiiii 1832.