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Jeanne à'Arc qui devait le porter à Naples, mais on le
trompa, on le conduisit d'abord à Mâhon où il dut atten-
dre les ordres du gouvernement. Quand il monta dans l'em-
barcation qui devait le conduire à bord, il abaissa brusque-
ment le capucnon de son burnouss sur ses yeux ; peut-être
comme Boadbil, le dernier des rois maures, partant pour
l'exil, et jetant un dernier regard sur Grenade et sa riche
vallée, il versa d'amères larmes et se dit : «Pleure, pleure
comme une femme le royaume que tu n'as pas su défen-
dre comme un homme. » Hussein était petit, assez bien
pris dans sa taille, mais d'une physionomie vulgaire; son
costume ne le distinguait en aucune manière de sa suite 5
un burnouss blanc , comme tous les Arabes en portent,
couvrait ses vêtements, où l'on ne voyait ni or, nî bro-
derie, ni aucun ornement; seulement un beau shall rouge
 en tarban indiquait, par l'arrangement de ses plis, la
haute puissance de celui qui le portait.
   La Casauba, cette mystérieuse forteresse, cette ville
dans une ville, était le rendea-vous de tous ceux que la
curiosité avait attirés à Alger ; cette citadelle contenait à la
fois une belle mosquée, une poudrière soigneusement re-
couverte de balles de laine, un parc d'artillerie, des écu-
ries, des ménageries et un jardin. Une muraille crénelée
garnie de deux cents pièces de canons de tous calibres,
flanquée chacune d'une pyramide de boulets de marbre,
la défendait des attaques de la ville : car les révoltes étaient
fréquentes dans la régence; on nous montra, à quelque
distance de la ville, au bord de la mer, sept tombes ap-
pelées le cimetière des sept Deys; des rangs de la milice,
sept janissaires montèrent sur le trcne dans un j o u r , le
même caftan couvrit sept souverains, et ces sept puissances,
élues et décapitées dans un jour, s'acheminèrent vers le