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tive, e t , si l'on se laisse aller à réfléchir encore , c'est pour
se reporter aux premiers temps de la navigation ; c'est pour
analyser les efforts nombreux de cet art Sublime qui doit
rendre l'homme si fier de sa puissance, si orgueilleux de son
savoir. Les progrès de l'espèce humaine sontirrécusablement
gravés sur ces cordages et ces voiles qui se déploient, se rou-
lent et se tournent au moindre signal. Que ces demeures com-
modes , où l'espace est mesuré avec une économie si intelli^
gente, sont éloignées des arbres creux des premiers naviga-
teurs ! Que ces maisons flottantes , ornées de velours et
marquetées de cuivre poli , proclament hautement , par
l'immense distance qui les sépare des trirèmes de Tyr et de
Carthage, que l'humanité peut atteindre à la réalisation de
tous ses désirs, si elle est patiente , si elle laisse faire le
temps!....
    La scène change à mesure que l'orage grandit. Rien de plus
imposant que ces montagnes qui croulent sans cesse pour
combler les gouffres qui sont devant elles. De toutes les va-
gues bondit avec fracas une cascade écumeuse qui décompose
la lumière et la reflète en rayons nuancés. Si tout à l'heure on
avait des sentiments de force et de courage, on ne peut, en
contemplant la tempête, avoir d'autre idée que celle du néant
de l'homme : Dieu se montre puissant, et sa créature ne fait
éclater devant lui que sa témérité. Malheur à celui que l'ha-
bitude n'ai pas familiarisé: avec ce spectacle effrayant, il est au
supplice. 11 tremble qu'une de ces montagnes qui roulent de
tous côtés, ne s'abîme sur le navire et ne le disperse en éclats.
Il souffre les angoisses d'un homme que l'on traîne à la mort.
Il suit avec anxiété les roulis du vaisseau, et conjure la tem-
pête par des prières ferventes , adressées au Dieu, à l'idole ou
au hasard qu'il révère. Il jure de ne jamais s'exposer à un
péril aussi grand.
  Le lendemain , quand les flots commencèrent à se calmer,
on sonda avec inquiétude, et l'on vint apprendre aux passa-
gers qu'une large voie d'eau les menaçait de sombrer à cha-