Lyon, tout de même
Gryphe, bien que s'appuyant prioritairement sur le contenu de la Bibliothèque municipale de Lyon, n'a pas pour finalité de traiter exclusivement de cette ville et de tomber ainsi dans l'ornière d'une vision chauvine du patrimoine. Il suffit, au contraire, de parcourir les numéros déjà parus pour constater, d'une part, que les collections d'une grande bibliothèque comme la nôtre revêtent une dimension universelle évidente et, d'autre part, que les rédacteurs de Gryphe sont constamment animés par le désir de tirer du particulier, voire de l'infime, des pistes de réflexion plus générales sur notre mémoire culturelle.Cependant, il nous a semblé intéressant de réunir ici des contributions qui, bien que fort différentes les unes des autres, convergent dans l'esquisse de ce qui pourrait être, comme l'indique le titre du premier article, le « portrait d'une ville ».
C'est le cas, d'abord, avec le plan de Simon Maupin qui illustre à merveille cette volonté bien lyonnaise d'exister comme capitale européenne, indépendante des pouvoirs centraux. Ensuite, à travers les parcours de personnalités fortes - Louis Aguettant, Sébastien Des Guidi, la dynastie Boiron ou même le criminel Joseph Vacher entouré des experts de l'école lyonnaise de criminologie - qui tous, à leurs façons, rendent compte de quelques fondamentaux d'une ville : l'humanisme catholique, la passion pour la musique, un certain goût pour les approches hétérodoxes de l'humain. Enfin, avec le décryptage des circuits de la bibliophilie - cette autre passion lyonnaise -, bien utiles à la compréhension des choix culturels d'une cité.
Le portrait ainsi ébauché transcende, nous le croyons, l'intérêt purement local du propos. Il permet de saisir au plus près comment, dans le cas d'une cité ayant très tôt atteint la masse critique d'une métropole, s'articulent petite et grande histoire.