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CHRONIQUE THÉÂTRALE 309 et tendant à prendre, dans les notes basses et le médium, l'allure de celle du baryton, •—• ce qui lui permet d'émettre des sons pleins de douceur et de velouté ; — elle possède dans le registre élevé toute l'énergie, toute la force qui con- vient à la véritable voix du fort ténor. — Peut-être, y a-t-il dans ce magnifique organe quelques notes qui semblent venir plutôt de la gorge que de la poitrine ; mais, à part cette tache, bien légère en somme et que M. Tournié fera disparaître, tout est en parfaite harmonie dans cette grande organisation musicale, une des plus belles que nous ayons aujourd'hui. Nous considérons la basse de grand opéra, M. Plain, comme une excellente acquisition. Cet artiste chante juste, a de la méthode, du style, de la science môme ; et quoique la voix ne soit pas forte et ait peu d'étendue, elle est juste, bien timbrée et entièrement suffisante; nous la préférons de beaucoup à celle de M. Echetto, qui d'ailleurs ne savait pas s'en servir. Si on la trouve faible, et avec raison, dans le registre inférieur, n'oublions pas que les basses que nous avons possédées avant, sans avoir de telles qualités, avaient les mêmes défauts. Et puis, qu'ajoute à la valeur d'un artiste un mi ou fa de plus? Cela fait-il un chanteur? C'est un tour de force, rien de plus. Le basson le donnera mieux que toutes les basses du monde. De plus, chez M. Plain, le chanteur est doublé d'un comédien. — et c'est quelque chose aussi. Mlle d'Ervilly a fait sa rentrée dans Isabelle, de Robert. C'est toujours une fort belle personnne, qui nous a semblé même en progrès ; — mais il ne faut pas le dire trop haut. Les jolies femmes, d'ordinaire, sont capricieuses, et leur talent aussi. Nous ne parlerons pas, cette fois, de M. Delrat, pour n'avoir pas à lui rappeler, ce qu'il sait déjà , que les rôles