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278 LA CHASSE AUX CHAMPIGNONS d'un chapeau tombant et noir comme un vieux chaume ; enfin, une longue blouse déteinte à la pluie battait les flancs du pauvre diable, qui était loin d'avoir l'aspect ro- buste des montagnards. — Qu'est-ce que vous faites-là ? murmura-t-il d'une voix peureuse. Vous n'avez donc pas vu l'affiche ? — Quelle affiche ? — Oh ! oui!...— reprit le berger, se fâchant pour se donner de l'assurance — vous y savez bien ! Il vous faut sortir du communal, ou bien vous allez voir ! Je crus que j'avais affaire à un fou. — Que vais-je voir? demandai-je. — Eh bien ! je vas quérir le garde pour faire son ver- bal... —• Depuis quand est-il défendu de cueillir des champi- gnons dans les terrains communaux ? — C'est défendu de chasser sur les communaux de la commune ! —• Mais, mon pauvre garçon, je ne chasse pas ! Où voyez-vous mon fusil ? —• C'est donc pas vous qui avez fait lever les alouet- tes ?... Et ça? ajouta-t-il d'un air soupçonneux, en montrant ma gibecière. Faites voir ? — C'est un carnier plein de champignons que je viens de cueillir. Voyez plutôt. —• Pourquoi faire ? reprit-il avec un accent de terreur. — Parbleu ! pour manger : agaricus campestris /... Je pris un mousseron et je le mordis, avec un sourire qui lui parut sans doute méphistophélique. Le berger se tourna soudain vers une petite fille qui suivait les vaches : — Petiote! lui cria-t-il, emmène le troupeau ! Et, tandis que l'enfant obéissait, le pâtureau saisit à l'im-