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268            MANUFACTURE D'ARMES A FEU

avait trois contrôleurs payés par le roi, chargés de la véri-
fication de ces armes et qui recevaient les ordres des offi-
ciers d'artillerie envoyés par le ministre pour faire observer
les règlements sur les proportions que devaient avoir les
différentes espèces de fusils servant à l'armement des trou-
pes. En 1754, plusieurs entrepreneurs se réunirent de ma-
nière que l'on ne comptait plus que 4 ou 5 entrepreneurs
ou compagnies à cette époque; cet ordre a subsisté jus-
qu'en 1762.
   Les entrepreneurs s'étaient réunis depuis longtemps pour
faire des plaintes à la cour sur la conduite des contrôleurs
qui favorisaient d'abord quelques entrepreneurs, par pré-
férence aux autres, et qui, par la suite, les assujettirent tous
sous différents prétextes, à leur payer tant par canon, pla-
taie ou fusil monté, chacun suivant la partie qui lui était
 confiée ; de sorte qu'ils se firent bientôt un état, état plus
certain et plus lucratif que celui des entrepreneurs.
   Les ouvriers, d'un autre côté, profitant de la rivalité des
fournisseurs, se prévalurent de cette circonstance pour
hausser la main d'ceuvre, de manière que le bénéfice des
entrepreneurs fut réduit à très peu de chose ; en outre, la
cour ne payait pas. Il était dû à la paix, aux différents en-
trepreneurs, environ six cent mille livres qu'ils reçurent en
effets de nouette; ce qui les priva non-seulement de leur
bénéfice, mais encore altéra considérablement leur for-
tune. Enfin, on a vu, à cette époque, les entrepreneurs rui-
nés en grande partie, tandis que les contrôleurs s'étaient
enrichis. Ce fait est si vrai que l'un de ces contrôleurs qui
était originairement un ouvrier sans fortune qui fut envoyé
à Saint-Etienne avec un appointeraient de cent pistoles, est
mort, il y a trois ans, et a laissé deux cent mille livres de
biens, après avoir vécu pendant vingt ans très honorable-
ment.