Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                   LETTRE
   A PROPOS DES GLACIERS DU LYONNAIS


                                    Carrare, 31 août 1879.
       MON CHER DIRECTEUR,

    La Revue du Lyonnais m'arrive au milieu de ces gigantes-
 ques Alpes Apuanes qui élèvent dans l'azur foncé du beau
 ciel méditerranéen leurs escarpements de marbre blanc ; j'y
trouve la verte critique qu'y publie M. Steyert contre ma
petite note sur les glaciers du Lyonnais à laquelle vous avez
donné l'hospitalité dans le numéro du mois dernier. J'y
suis accusé d'avoir affirmé un fait faux et d'avoir soutenu
une théorie absurde sur l'origine des glaciers.
    Sur ce dernier chef, j'aurais volontiers passé condamna-
tion ; car les personnes qui s'occupent de géologie savent
que les théories sont le plus médiocre de nos soucis et que
les faits seuls méritent à nos yeux l'importance que nous
leur donnons dans la science. Puis, je hais les polémiques
dont le seul résultat est de faire, perdre un temps qui de-
vrait être plus utilement employé. Mais le premier grief est
trop grave pour que je n'y réponde pas en quelques mots.
   M. Steyert me reproche d'avoir dit que les plaines du
Sahara ont été jadis « submergées sous les eaux de cet an-
cien lac Triton que les géographes latins prétendent avoir
persisté jusqu'au commencement de notre ère.» D'après
lui, « le lac Triton n'occupait pas les immenses plaines sa-
« blonneuses du Sahara         Au moment de son plus grand
« développement, son étendue n'a pas dépassé les 3 e et 7e
« degrés Est et les 30e et 34e parallèles Nord. Il est facile
« de déterminer ces limites par la différence de niveau