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50 BIBLIOGRAPHIE Nice, avec son beau soleil et ses fleurs au parfum si dé- licat, aux nuances si douces et si vaporeuses, Nice a aussi le privilège d'avoir ses penseurs et ses poètes, qui emprun- tent, à l'admirable nature au milieu de laquelle ils vivent, les attendrissantes images et les grands sentiments. Madame B.-M. Dorieux est des nôtres depuis quelques années. Comme la chatoune des félibres de notre terre pro- vençale, elle aime le ciel bleu et tiède, la mer tranquille, qui semble assoupie sur nos rivages dentelés pour nous faire comprendre que Dieu a voulu que cet heureux coin de l'Europe fût la patrie d'élection du calme, du repos, du bonheur. Le bonheur ! cette toison d'or des poètes et des philo- sophes, que les hommes jaloux, égoïstes, enfiévrés de notre temps, poursuivent vainement, par cela seul qu'ils ne discer- nent pas les voies qui y conduisent, Madame Dorieux le possède dans sa plus parfaite plénitude. Oui, ce poète, que son Raphaël a placé si haut dans l'estime du monde où l'intelligence et le cœur sont pris encore pour quel- que chose, ce grand poète est heureux. Il a acquis par le travail qui ne se lasse pas, dans la complète satisfaction d'une conscience sereine, dans le commerce de tous les jours avec les plus puissants et les plus lumineux génies qui sont l'orgueil et constituent les titres de gloire de l'huma- nité, ce parfait contentement de l'être, cette sublime syn- thèse de la science de la vie : le bonheur ! Madame Dorieux, une fois en Provence, a voulu étudier nos meilleurs écrivains provençaux. L'esprit de cette femme pourrait-il se passer d'un aliment qui le satisfasse ? Elle a • donc lu Mistral. Elle l'a vite compris. N'est-elle pas, en effet, un rejeton de la vieille Allemagne, où les affinités ne se dis- cutent pas, car elles s'imposent? Je vous demanderai en- suite s'il est possible de lire Mireille, quand on est poète au