Vin à vendre

Les boissons alcoolisées dans les Petites Affiches de Lyon, 1750-1887 [note]Cet article complète : Guy Parguez, « L'Alimentation dans les Petites Affiches de Lyon », 1750-1887, dans Bulletin de la Société archéologique et littéraire de Lyon, Lyon, Archives municipales, 1996, p. 7-24 (BM Lyon, 114392).

En 1750, le libraire lyonnais Aimé Delaroche lançait les Affiches de Lyon [note] Voir Henri Duranton, « Affiches de Lyon (1750-1801) » dans Dictionnaire des journaux, tome I, Paris, Universitas, 1991, n° 34, p. 48-49 (BM Lyon, 951100). destinées à publier les petites annonces reçues au bureau d'adresses qu'il dirigeait. Le vin occupe dans les pages une place très importante qui variera suivant les années examinées. Nous rencontrerons la mention de vin bourgeois, il s'agit d'un privilège des bourgeois de Lyon sous l'Ancien Régime : vendre à pot et à pinte pendant toute l'année le vin de leur crû sans payer aucun droit, pourvu que ce soit sans assiette ni serviette, et sans donner à manger. [note]Arrêt du Conseil d'Etat du 10 décembre 1697, Lyon, Jullieron, 1697. Ils pouvaient le vendre eux-mêmes ou dans des cabarets. De grands personnages ne craignent pas de faire l'article :

M. Poulet, Conseiller du Roi, commissaire examinateur, rue des Trois Maries, fait vendre d'excellent vin vieux de trois années à six sols la bouteille, non compris le verre
(22 avril 1762, p. 62).

M. Clapasson, ancien Echevin de cette ville, donne avis aux personnes, auxquelles la délicatesse de leur santé rend nécessaire le choix d'un vin bien sûr, qu'il fait vendre dans la rue Juiverie, maison de M. Ranvier, du vin vieux du crû de son vignoble des Barolles à 4 s. 6 d. le pot, qui est de la meilleure qualité ; la seule nécessité de vider ses caves & ses tonneaux le détermine à donner à un aussi bas prix un vin d'une aussi bonne qualité : lorsque l'on en voudra une certaine quantité, l'on mettra en perce un tonneau plein pour ceux qui pourroient le désirer
(19 mai 1762, p. 79).

On peut aussi rencontrer des mentions plus discrètes :

Affiches de Lyon, annonces, avis divers, etc., n°1, 6 janvier 1750 n.p. (BM Lyon, 951100)

Vin vieux de Brouilli à vendre, à six sols la bouteille, sans le verre : vin du même vignoble & de la dernière récolte, à cinq sols la bouteille, aussi sans le verre. Ceux qui voudront en acheter n'ont qu'à s'adresser à la Cabaretière de M. de l'Ecluse, rue de la Sphère [note]Actuelle rue François-Dauphin., vis-à-vis de la Charité
(1er juillet 1762, p. 101).

Le 8 mai 1771, p. 90 et presque en face sur deux colonnes, les contemporains devaient estimer normal de lire :

Vin de l'année 1766, de la meilleure qualité de Millery, à vendre en bouteilles : s'adresser à M. Hutte, Notaire, place de l'Herberie.

On offre plusieurs parties d'argent à placer en subrogation de bonnes hypothèques, même en acquisition, si les placements conviennent : s'adresser à M. Hutte, Notaire, place de l'Herberie.

On ne s'étonnera pas de trouver des offres ou demandes d'emploi pour cette vente de type particulier ; on notera l'apparent manque de spécialisation des métiers :

Une femme veuve, sans enfants, âgée de trente-deux ans, souhaiteroit de trouver une place, soit pour vendre le vin d'un Bourgeois, soit pour femme de chambre ; elle fait le métier de tailleuse, blanchir &c. soit enfin pour la cuisine & tout ce qui regarde le ménage(8 mai 1771, p. 91).

Un homme de quarante-cinq ans, s'offre pour vendre du vin Bourgeois, ou pour gouverner un jardin : il entend parfaitement le jardinage. Deux personnes connues en centre ville répondront de lui. S'adresser au Bureau d'avis (18 novembre 1761, p. 188).

On demande une personne qui veuille vendre du vin bourgeois, à gages ; on souhaiteroit une fille d'un certain âge, ou une veuve sans enfants. S'adresser au Bur. d'avis (2 décembre 1761, p. 197).

Affiches de Lyon, annonces, avis, divers, etc., n°3, 20 janvier 1750 p. 23 (BM Lyon, 951100)

Les mentions concernant le vin figurent avec toutefois des variations quantitatives : les offres sont de 4 en 1750, 8 et 21 en 1761 et 1762, pour monter à 128 en 1771, 93 en l'an VI, 86 en 1811, redescendre à 17 en 1821, revenir à 4 en 1836. Cette baisse des offres de particuliers correspond à la montée des mentions de cafés et cabarets : 2 en 1750 et 1761, 12 en 1762 et 1771, 3 en l'an VI, 17 en 1811 puis 49 en 1821, 120 en 1836. Les demandes demeurent presque inexistantes.

Les offres de vin, outre celles des bourgeois, peuvent avoir lieu aux enchères, après saisie, que les vins constituent la totalité ou seulement une partie de la vente.

Vendredi prochain 5 janvier dix-huit cent vingt et un, à neuf heures du matin, dans l'entrepôt du sieur Viollet, marchand de vin à Serin, commune de la Croix-Rousse, il sera procédé à la vente, à l'enchère et au comptant de seize pièces de Vin rouge de l'année dix-huit cent quinze, saisie au préjudice des sieurs Joseph et Jean-Marie Gravier frères, marchand de vin à Julliénas [sic], arrondissement de Villefranche. Signé BLANC, huissier
(3 janvier 1821, p. 3).

Affiches de Lyon, annonces, etc., n°20, 19 mai 1762 p. 79 (BM Lyon, A507786)

En vertu d'une ordonnance sur pétition, rendue par le tribunal de commerce de Lyon, le trois du présent mois, collationnée, signée de M. Thuyard fils, commis greffier, dûment en forme, il sera, vendredi prochain douze avril, neuf heures du matin, deux heures de relevée, et jours suivants aux mêmes heures, dans l'entrepôt ou magasin appartenant à sieur Claude Laroche, sis en la commune de Caluire, au-dessus de l'Ile-Barbe, procédé à la vente judiciaire, et à la chaleur des enchères, de 33 pièces de Vin rouge et blanc, loyal et marchand, de quatre autres Vin rouge et gâté, et de sept Bareilles vides, le tout saisi a préjudice dudit Claude Laroche, qui était marchand de vin à Lyon, port du Temple, à la requête du sieur Thibaud Soiderquerk, marchand charcutier, demeurant à Lyon, rue de la Barre, par procès-verbal de Nocart, huissier, du douze février dernier. Cette vente sera faite à la requête des sieurs Thibaud Soiderquerk et Jean-Marie Vivien, agens de la faillite dudit Claude Laroche, marchand de vin, failli, et à deniers comptants
(10 avril 1811, p. 4).

Le 14 frimaire courant, à neuf heures du matin, sur la place Saint-Benoît, il sera vendu à l'enchère de bons Vins de Millery, vieux et nouveau ; quelques meubles consistant en lit, armoires, commodes, etc. (12 frimaire an VI, 2 décembre 1797, p. 872).

On fournira des bouteilles si l'acquéreur le souhaite

Les vendeurs peuvent être des producteurs :

Le citoyen F. Johannot, propriétaire du clos de la Galée, à Millery, prévient les amateurs qu'il a encore en cave du Vin de toutes ses récoltes depuis 1793 inclusivement, et qu'on peut s'adresser à lui, audit lieu, jusqu'à la Saint-Martin prochaine, 11 Novembre v.s., personne n'étant chargé de la vente de ses vins
(4 brumaire an VI, 23 octobre 1797, p. 829).

Très excellent vin de Tour de Frontigni, Hameau situé entre Charli et Milleri, à vendre : ce vin est de la récolte de 1746, en boête & prêt à être tiré en bouteilles. Ceux qui voudront en faire l'acquisition pourront le faire tirer dans les caves de la personne qui veut le vendre, afin de n'en point rompre la toile, étant du plus beau percé qu'on puisse souhaiter. On fournira les bouteilles si l'acquéreur le souhaite ; on en délivrera aussi par petites parties de 10 à 20 bouteilles ; il y en a toujours dans cette cave, étant dans l'usage d'en fournir dans bien de grands repas. On y trouvera soit à Lyon, soit à Frontigni du vin des années postérieures ; & pour engager les acheteurs à en faire désormais leurs provisions, on les traitera favorablement pour le prix : ces mêmes vins sont souvent achetés pour être transportés en Angleterre. Il faut s'adresser à Madame Marguin Paris, dans sa maison, sise de cette ville, rue Misere, à la descente de S. Paul, ou dans son domaine de Frontigni (17 mars 1750, p. 39).

Deux pièces d'excellent Vin de Bourgogne, de 1764, à vendre ; il est de Rully, d'un des meilleurs climats de Beaunois. Les deux pièces ou la queue contiennent 480 bouteilles. On veut le vendre sur le pied de 3 l. la bouteille. Ce Vin a été soutiré trois fois ; on le soutirera encore avant que de l'envoyer. On pourra le faire tirer en bouteilles sur les lieux, ou le faire venir en futailles : s'adresser à M. l'abbé Tisserand, chanoine de Chalon-sur-Saône, ancien Arcade des Etats de Bourgogne. Ce Vin est dans sa cave ; il est de son crû
(9 janvier 1771, p. 6).

Le vin s'achète aussi auprès des commerçants, dont ce n'est pas toujours le métier principal :

Une partie de vin de Bourgogne, de trois feuilles, en futaille, à vendre : s'adresser à Mlle. le Clerc, Marchand de soie, grande rue Merciere, près de la mort qui trompe
(15 septembre 1762, p. 146).
Une partie de Kirchwaser vieux, de Suisse, par caisse de cent bouteilles excellent vin de Bourgogne ; idem, de frontignan, muscat ; et Pâtes de Gênes, à 12 sous la livre : s'adresser à la citoyenne Lavalette, Epicière, quai de Retz [note]Actuellement quai Jean-Moulin., maison du Louis-d'or, N° 143. Bon Vin muscat de Frontignan, à 30 sous la bouteille, avec le verre : s'adresser, rue des Auges, à l'angle de la cour des Carmes [note]Cette place dont l'existence est attestée dès 1350, est aujourd'hui un fragment de la rue Sainte-Catherine, dans le magasin vis-à-vis le N° 63
(19 frimaire an VI, 9 décembre 1797).

Vin de bourgogne Chambertin, et vin muscat de Frontignan ; Vermicelli et Pâtes de Gênes, à 12 sous la livre ; véritable Thériaque de Venise ; Quina superfin de la Chine ; Plomb laminé en tout genre : s'adresser à la citoyenne Lavalette, quai de Retz, maison du Louis-d'or, N° 143, qui a le dépôt de l'Encre double du Sr. Barberini de Gênes, à 30 sous la bouteille
(5 frimaire an VI, 25 novembre 1797).

Excellent Vin de Frontignan, à 35 sous la bouteille avec le verre : chez le citoyen Nivet, place Neuve des Carmes , N° 19, où l'on trouve de très bons Tabacs de diverses qualités, en bouts de rapés
(18 brumaire an VI, 8 novembre 1797).

Vin vieux de Porto, provenant d'une prise anglaise vendue juridiquement à Dieppe ; à vendre en pipes ou en barils : chez M. Contamine, négociant, place de la Platière [note]Place absorbée en 1854 par l'actuelle rue de la Platière.
(13 janvier 1811, p. 3).

Vins de Malaga & de Syracuse, à vendre à juste prix : s'adresser à M. Lagazette, Perruquier, place Louis-le-Grand [note]Actuellement place Bellecour.
(4 janvier 1771, p. 3).

A l'Abondance [note]Le vaste domaine de l'Abondance, voisin de celui de la Part Dieu, et où Bourgelat fonda en 1761 la première des écoles vétérinaires, était alors réputé pour son hostellerie. Il subsiste une rue de l'Abondance, ouverte en 1860. : M. Brut, propriétaire à Condrieu, tient le Vin blanc clarifié, à l'usage des burettes pour le service Divin ; noir, du Languedoc, pour provisions des pensions, et ateliers ; et autres Vins fins du midi, de la Côte du Rhône, et du ci-devant Beaujolais. Il achète et vend des tonneaux vides, Cercles et Osier. Son dépôt est sur le port au Bois, en face de l'Hôpital [note]Le port au bois était alors situé sur la rive gauche du Rhône, au Nord du pont de la Guillotière. Il exista ensuite une rue Basse-du-Port-au-Bois, devenue en 1911 rue du Port-au-Bois et en 1940 l'actuelle rue Aimé-Collomb.
(9 février 1781, p. 9).

"Un coin de rue lyonnais : la voûte des Templiers" donnant accès au quai des Célestins, dessin de Girrane, dans L'Enseigne à Lyon : son histoire , sa philosophie, ses particularités [...] par John Grand-Carteret, Grenoble, Librairie dauphinoise ; Moutiers, Librairie savoyarde, 1902, p. 262 (BM Lyon, B001934).

Annonces anonymes

Des particuliers peuvent aussi passer des annonces, anonymement, ou au contraire, en expliquant pourquoi ils le font :

Cinq à six cents bouteilles de vin vieux de Ste. Foi & du Beaujolais, à vendre. S'adresser au Bureau d'Avis (23 décembre 1750, p. 208).

Deux pièces de vin de Charli de l'année 1746, & quatre de celle de 1748 actuellement à Charli, à vendre (20 janvier 1750, p. 23).

Vin de Champagne, blanc, en bouteilles, à vendre, à 45 sous la bouteille avec le verre : s'adresser au Valet-de-Chambre de M. Quinson, place de Louis-le-Grand. Vin vieux, de 1766, à vendre en gros : s'adresser aux personnes qui occupent le premier étage de la maison de M. Dupré, qui fait l'angle des rues Belle Cordiere & Confort
(13 février 1771, p. 27).

Les 8 pièces de vin du Maconnois, & les 600 bouteilles annoncées dans la précédente feuille, de la part d'un particulier allant à Rouen, appartiennent au Suisse de l'intendance, qui nous avoit chargé de donner avis au public de la vente qu'il étoit obligé d'en faire (18 août 1762, p. 130).

M. le président de Sainte-Luce, se disposant à partir pour Paris, a dans ses caves de Vourles soixante pièces de vin de Millery, des années 1754, 1755, & 1760 qu'il souhaite vendre en tout ou en partie. Il en fera bonne composition. Il est actuellement dans son domaine à Vourles, où il restera huit à dix jours (5 août 1761, p. 130).

Les demandes d'achat apparaissent plus rarement. Nous citerons :

On souhaiteroit acheter cent bouteilles de vin de 1753, du rivage des meilleurs cantons. On sera content pour le paiement» (4 mars 1761, p. 36).

On souhaiteroit trouver à acheter une Botte de bon vin vieux, entrées payées. On y mettra depuis 60 jusqu'à 80 ou 100 livres (19 août 1761, p. 136).

Quelques avis concernent le chapitre des alcools :

Plusieurs Bouteilles liqueur de Marasquin de Zara en Dalmatie, à vendre. Cette rare liqueur la meilleure & la plus salutaire dont on puisse faire usage doit sans contredit passer pour la première au monde. On en vend quelquefois sous ce nom qui n'est que contrefaite & qui par conséquent ne peut être que pernicieuse à la santé. Celle-ci étant tirée de la vraie source mérite d'être préférée (18 mars 1761, p. 42).

On trouve chez le cit. Burvant aîné, rue Grenette, N° 67, un entrepôt d'Extrait d'absinthe, de Suisse, excellent pour les indigestions
(29 fructidor an VI [vovembre 1797], p. 3013).

Marie Brizard et Roger, fabricans de Liqueurs à Bordeaux [note]Créée en 1755, la marque Marie Brizard, existe toujours. L'histoire de la Maison veut que, au matin du 11 janvier de cette année là, une jeune bordelaise portant ce nom, fille d'un « charpentier de barriques » bordelais, traversant la lace Royale (aujourd'hui place de la Bourse), ait rencontré Thomas, un Antillais, marin à bord du navire L'Intrépide, qui gisait brûlant de fièvre. Elle recueillit et le sauva. En récompense, il lui transmit le secret d'une liqueur à l'anis, que Marie Brizard entreprit de commercialisée. Associée à son neveu Jean-Baptiste Roger, elle fonda la société Marie Brizard et Roger, qui diversifia très vite ses produits en direction des liqueurs fines telles la crème de Barbade, l'eau de café, l'eau de cannelle... La société resta dans la famille jusqu'en 1998, soit sur dix générations., ont la certitude que certains Liquoristes, leurs concitoyens, se permettent, au mépris des lois, de débiter des Anisettes sous leurs cachet et étiquettes ; et que par l'appât d'un plus grand bénéfice sur leur commission, divers courriers, rouliers et commissaires marchands, à qui les consommateurs s'adressent, se prêtent à cette fraude, et par cela leur portent un tort non seulement dans la vente, mais encore bien plus grand dans la réputation de leurs Liqueurs : c'est pourquoi ils préviennent tous consommateurs des Liqueurs de Marie Brizard et Roger qui ne s'adresseraient point directement à eux, toujours même demeure, rue du Chapeau Rouge, faisant le coin de la rue du Pont de la Mousque, près la Bourse, qu'ils doivent, pour éviter d'être trompés par leurs commissionnaires, se faire présenter la facture quittancée de ladite maison, et n'ajouter foi à aucune autre. Nota. Le seul entrepôt de Liqueurs que tient la maison Marie Brizard et Roger est à Toulouse, chez M. Labérie, courrier, rue des Cordeliers
(4 mai 1811, p. 11).

Ratafia de Grenoble, et Liqueurs de Turin : s'adr. au cit. Laudet, à la Guillotière, N° 111
(26 brumaire an VI, 15 novembre 1797, p. 853).

"Enseigne de café-caboulot à prétention pompeuses", croquis de Randon, dans L'Enseigne à Lyon : son histoire, sa philosophie, ses particularités [...] par John Grand-Carteret, Grenoble, Librairie dauphinoise ; Moutiers, Librairie savoyarde, 1902, p. 263 (BM Lyon, B001934).

Rhum de la Jamaïque, à 4 liv. la bouteille ; belles Bougies du Mans à 2 liv. 14 s. la livre, poids de marc : s'adresser aux citoyens Claude Charlet et fils, rue Tupin, N° 21 (7 brumaire an VI, 28 octobre 1797, p. 833).

Eau-de-vie du Languedoc, de dix ans ; idem, de quatre ans ; idem, nouvelle première qualité ; idem anisée ; en tonneaux et en bouteilles ; Vin vieux de Malaga ; Vin vieux muscat de Frontignan ; Rhum de la Jamaïque ; Genièvre d'Hollande, pour l'estomac ; sirop de capillaire : chez le citoyen Rélieux, marchand Epicier, place du Change, n° 8
(23 vendémiaire an VI, 14 octobre 1797, p. 816).

Attention aux contrefaçons

« Le sieur Teisseire [note]En 1720, Matthieu Teisseire créa à Grenoble une distillerie produisant des boissons à base de fruits et de plantes, dont un Ratafia, apéritif à la cerise, vite fameux. En 1927, via le procédé de pasteurisation, la maison Teisseire fabriqua du sirop sans alcool et passa de l'emballage en verre à l'emballage métallique en 1957. Elle affiche aujourd'hui 250 ans d'âge. de Grenoble, s'étant aperçu que plusieurs personnes avoient contrefait l'étiquette de son ratafia de cerise, donne avis qu'il n'y a que le sieur Buffleton, Epicier, rue basse Grenette, qui débite sa véritable liqueur » (8 juillet 1761, p. 113).

Différentes qualités de véritables liqueurs de Boulogne du Sr. Gnudi [sic], à vendre en gros ou en détail. S'adresser chez Mrs. Torrent frères, grande rue Merciere, qui en feront bonne composition
(15 juillet 1761, p. 117).

On notera enfin une fabrication locale, signalée le 7 novembre 1821, p. 3 :

Magasin de liquoriste, pour le payement duquel on donnera toutes les facilités qu'on désirera. On se charge également d'apprendre la distillation à l'acquéreur : s'adr. chez M. Bret, montée de la Grande-Côte, N° 7.

A côté du vin et des liqueurs, bière et cidre font triste figure. Nous relèverons deux annonces : le 6 mars 1771, p. 41 : On demande à acheter environ soixante bouteilles de bière, de la meilleure qualité, le 15 mars 1770 (i.e. 1771), p. 51 : On demande cinquante bouteilles de bon cidre, on ne veut pas du médiocre, le 28 février 1821, p. 4 :

Deux Alambics, quatre Chaudières contenant 4, 12, 30, 40 années [sic] ; quatre Cuves, un Moulin dont les meubles ont trois pieds de diamètre, avec tous ses agrès ; un tracquenet Le Dictionnaire étymologique du patois lyonnais, par N. du Puitspelu (1890), évoque le mot traquenë, « van métallique pour le grain ». Un van étant un grand panier plat, en osier, muni de deux anses, pour le vannage du grain., des rafraîchissoirs, des auges, une pompe refoulante en fonte et en cuivre, un chariot, trente tables avec leurs bancs vernis et toutes sortes d'autres ustensiles propres à une brasserie ou à tout autre objet.

Affiches, annonces et avis divers de Lyon, n° 193, 27 vendémiaire an 6 [18 octobre 1797] p. 819 (BM Lyon, 951100)

Les pages 2-3, le 8 mars 1887, contiennent un article de Léon Kamais [sic] sur la bière, avec une comparaison avec celles de quelques pays :Les bières consommées en Allemagne sont de bonnes qualités, et généralement fortes. En Bavière, elles ont jusqu'à 7% d'alcool et sont douées d'une profonde amertume due à du houblon employé en grande quantité. Les bières belges ne se conservent pas, si l'on veut les exporter, on a alors des bières qui sont déjà aigries, tant la fermentation se fait avec rapidité. Les bières anglaises sont de très bonnes bières ; elles sont fortes, très alcooliques et très bien préparées, mais certains houblons, tels que ceux du Kent et du Surrey, lui donnent une grande amertume, chose que recherche le consommateur anglais. Il y a deux sortes de bières : les pale ale ou bières pâles qui contiennent 6 à 7% d'alcool, qui sont saines, limpides et très aromatiques ; les porter et les stout, bières colorées qui contiennent jusqu'à 9% d'alcool, et qui sont colorées avec du malt torréfié. Les bières autrichiennes sont légères, d'un goût très agréable et peu colorées, et contiennent une quantité d'alcool relativement faible, 4 à 5%. En France, on adopte de préférence les procédés allemands et autrichiens.

Que peut-on conclure, sinon que depuis des siècles, les Lyonnais ont toujours ignoré la sécheresse du gosier.