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508               OUVRIERS DU TKMPS PASSÉ

tous ces malheureux. Le jeton leur donnait droit de se
présenter à l'hôpital dont il portait le nom, et d'y recevoir
chaque jour « aumône de pain, potage et chair ». Cette
première distribution ne se fit naturellement pas sans
amener quelques désordres. Au bruit qu'on allait nourrir
les pauvres beaucoup découvrirent tout soudain qu'ils
l'étaient, et le nombre de ceux qui se présentèrent aux
Cordeliers dépassa toutes les prévisions : il en vint sept ou huit
mille ; il fallut leur distribuer le pain qui avait été préparé
pour deux jours, et encore s'en procurer chez les boulan-
gers. De six- heures du matin à deux heures les distribu-
teurs de pains et de jetons ne chômèrent pas un . instant.
   « Ce n'est qu'à partir du lendemain que le nouveau ser-
vice put régulièrement fonctionner ; à partir de huit heures
du matin, on remit à tout porteur de jeton une livre 'et
demie de pain, une soupe « et une petite pièce de chair et
fut donné quelque peu de vin aux étrangers ». Car les
indigents étrangers n'avaient pas droit, en principe, aux
avantages conférés aux Lyonnais : ils n'étaient pas logés
dans les cinq hôpitaux, mais dans des « cabanes d'ais »,
c'est-à-dire des huttes en planches qu'on leur avait cons-
truites près d'Ainay et qui étaient intérieurement garnies
de paille. On ne pouvait d'ailleurs éternellement garder
près de la ville cette population flottante : le 8 juillet c'est-
à-dire après environ deux mois de séjour on les congédia,
non sans les avoir munis d'une « bonne aumône ».
   « Ce premier et timide essai d'assistance publique réussit
à merveille, du moins à en croire l'enthousiasme manifesté
par les contemporains. Un érudit lyonnais, fort connu,
Jean de Vauzelles, écrivait dès la fin de mai (15 31) un petit
livret qui fut publié la même année sur la Police subsidiaire
de cttte quasi infinie multitude des pauvres survenue à Lyon sur