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                 OUVRIERS DU TEMPS PASSÉ                   507

notables au couvent des Cordeliers le 18 mai. On décida
tout d'abord de répartir les pauvres qui vaquaient par les
rues en quatre ou cinq hôpitaux. Les frais de leur entre-
tien furent couverts par une quête : huit commissaires
furent nommés pour recueillir les fonds. Tout d'abord ils
prièrent tous les Lyonnais non indigents, y compris les
clercs, de s'inscrire sur une liste, en indiquant le chiffre des
contributions volontaires qu'ils entendaient verser, et que
l'on perçut ensuite régulièrement semaine par semaine. Il
faut dire à la louange de la bourgeoisie lyonnaise qu'elle
ouvrit très généreusement sa bourse. Même l'es nombreux
étrangers, banquiers, drapiers, imprimeurs, qui étaient
venus chercher fortune à Lyon ne voulurent pas qu'on pût
leur reprocher de se désintéresser des malheurs publics :
Florentins, Lucquois, Siennois, Génois, Allemands,
payèrent très largement leur dette d'hospitalité et la plus
forte cotisation fut celle d' « un bon Allemand » qui
donna 500 livres. Le bon Allemand était homme d'humble
extraction nommé Scheuenpflug : il s'était enrichi et se
faisait appeler Jean Kléberg ; veuf de la fille du célèbre
Nurembergeois Villibald Pirkheimer, il deviendra plus
tard tout à fait Français par son mariage avec la veuve
d'un marchand parisien, brûlé pour hérésie.
   « Les cinq hôpitaux qui devaient centraliser les secours
une fois désignés on fit faire dix mille jetons qui portaient
chacun le nom d'une de ces cinq maisons et les notables
avancèrent immédiatement, sans attendre le premier recou-
vrement des cotisations, l'argent nécessaire à la fabrication
de pains de deux livres. Le lendemain 19 mai, tous les indi-
gents furent convoqués aux Cordeliers, on remit à chacun
un pain — c'était le plus urgent — et un jeton ; au fur et
à mesure de la distribution, on enregistrait les noms de