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506 OUYKIKKS DU TKMPS PASSÉ geoise. Une émeute éclata : elle est connue dans l'histoire sous le nom de Grande Rebeine. Trois jours entiers le populaire resta maître du centre de la ville ; il osa même aller piller l'abbaye de l'Ile-Barbe. La répression, selon la coutume du temps, fut terrible. Le corps municipal ou consulat pendit les meneurs ; mais cela ne faisait pas dispa- raître la famine. Alors on fit venir de Bourgogne deux mille charges de blé (la charge ou ânée était de six bichets, soit 380 ou 400 livres). Ces palliatifs ne servirent pas à grand'chose car, pendant les mois qui suivirent, la question du blé fut perpétuellement à l'ordre du jour de l'assemblée communale. La peste qui sévit dans la ville pendant l'automne de 1530 aggrava encore la situation, et une nou- velle sécheresse fit monter le bichet au prix énorme de de 56 et même de 60 sols tournois. « Le plus terrible, c'est que la misère n'était pas moindre dans les campagnes et que, de toutes parts, les affamés refluaient vers la grande ville où ils espéraient trouver de quoi ne pas mourir. Vers mai on les vit chaque jour arriver « en grandes troupes et à pleins bateaux », figures hâves, corps décharnés, proie toute prête pour la contagion. Les consuls étaient partagés entre la crainte et la charité : il était difficile d'expulser ces malheureux, impossible de ne pas songer avec angoisse à la situation de Lyon « où jour et nuit vous n'eussiez ouï que : «Je meurs de faim, qui était piteuse chose à ouïr, » la ville « ressemblait plus à un famélique hôpital qu'à une si bonne cité. » « La charité privée n'avait pas tardé à se montrer impuis- sante à soulager efficacement de telles misères. Les ressources des hôpitaux ne pouvaient suppléer à cette insuffisance. Les consuls résolurent d'adopter une organisation provi- soire d'assistance, et convoquèrent une assemblée de