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490                     VICTOK SMITH

   « Je suis dépaysé dans la patrie des fonctionnaires. Jeune,
« j'aimais le silence et l'éloignement de la. vie active.
« Quinquagénaire, je sens encore plus la douceur de l'iso-
« lement. Si cette pauvre petite place, que l'ancienneté me
« donnait le droit d'espérer, me manque, je me consolerai
« par une retraite plus profonde et par l'étude des vieilles
« mœurs et des vieux usages de nos montagnes du Velay
« et du Forez. »
   On vient de voir, dans la lettre du 15 août de Victor
Smith, qu'il était sincèrement républicain, mais qu'il res-
pectait les croyances de ceux qui ne l'étaient pas. Son loyal
républicanisme lui permettait d'honorer les hommes d'autres
partis qui le méritaient. Voici ce qu'il disait du comte de
Chambord dans une lettre du mois d'octobre 1879 : « Je le
respecte dans son exil et sa solitude, je ne le cache pas.
Moi, qui ne crois nullement à son avenir et qui désire
moins encore sa résurrection politique, je ne puis me
défendre d'un sentiment de profonde déférence pour le
comte de Chambord, non pas seulement parce qu'il est le
descendant de la plus illustre lignée française, mais parce
qu'il a un caractère très défini, très accusé, sur lequel les
événements ambiants semblent n'avoir aucune prise. Il
résiste à l'opinion publique avec la plus étonnante ténacité.
Peut-être prévoit-il que, s'il y cédait un jour, le lende-
main elle l'entraînerait. Peut-être pense-t-il qu'il vaut
mieux garder son drapeau blanc immaculé que de posséder
le royaume de France. Henri IV n'eût pas été du même
avis; mais le comte de Chambord a je ne sais quoi qui
vous porte à vous incliner devant sa rare figure et à la
saluer. »
   Victor Smith n'a jamais habité la même ville que son
père. Il a fait son droit à Paris et est venu se fixer à Saint-