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272 PIKRRK PU VIS DK CHA VANNES de corrections. Arrivé devant le chevalet de Pu vis de Cha- vannes il grommelle, et, fronçant le sourcil, lui dit : « Vous n'y êtes pas du tout; donnez-moi votre palette. » Et aussitôt devant l'élève ébahi, le maître compose son ton de lumière, mélangeant, selon la formule, du blanc d'argent, du jaune de Naples, du vermillon et du cobalt. En un instant l'étude changeait de couleur et le maître amoncelait ses empâte- ments, tout en maudissant Ingres et Delacroix. — Com- ment, Monsieur Couture, s'écria Puvis de Chavannes, c'est vraiment ainsi que vous voyez le modèle ? — Et sa figure exprimait la surprise et le désespoir. On ne le revit plus jamais. » Vers cette époque, âgé d'environ 25 ans, il fait lui- même son portrait, et s'y donne une physionomie grave et mâle qui le vieillit un peu. Ce portrait appartient à M. Paul Bandouin, élève de Puvis de Chavannes et peintre des plus distingués. Le premier tableau de Puvis de Chavannes reçu au Salon de Paris, en 1850, fut une Pieta : « Tant bien que mal, raeonte-t-il plaisamment, j'étais venu à bout d'une Pieta : sur les genoux de la Vierge, le Christ mort, la Madeleine agenouillée tout auprès. Ravi d'avoir été reçu (je ne devais pas l'être de nouveau pendant longtemps), je pars dès le matin, le jour de l'ouverture, pour me contempler dans mon çeuvre. Arrivé devant ma toile que vois-je ? Deux figures seulement au lieu de trois ! Je m'approche, étonné; et je constate avec désolation que ma vierge drapée de violet se confondait avec le fond qu'ingénument j'avais fait violâtre. Ce fut ma première leçon de valeurs. Je compris désormais le'poids d'un ton; c'est de ce jour-là seulement que je fus peintre. » La Pieta a toujours décoré l'atelier de Neuillv. De 1850 aussi, La Leçon : un vieux pédagogue