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de corrections. Arrivé devant le chevalet de Pu vis de Cha-
vannes il grommelle, et, fronçant le sourcil, lui dit : « Vous
n'y êtes pas du tout; donnez-moi votre palette. » Et aussitôt
devant l'élève ébahi, le maître compose son ton de lumière,
mélangeant, selon la formule, du blanc d'argent, du jaune
de Naples, du vermillon et du cobalt. En un instant l'étude
changeait de couleur et le maître amoncelait ses empâte-
ments, tout en maudissant Ingres et Delacroix. — Com-
ment, Monsieur Couture, s'écria Puvis de Chavannes, c'est
vraiment ainsi que vous voyez le modèle ? — Et sa figure
exprimait la surprise et le désespoir. On ne le revit plus
jamais. »
   Vers cette époque, âgé d'environ 25 ans, il fait lui-
même son portrait, et s'y donne une physionomie grave
et mâle qui le vieillit un peu. Ce portrait appartient à
M. Paul Bandouin, élève de Puvis de Chavannes et peintre
des plus distingués.
   Le premier tableau de Puvis de Chavannes reçu au Salon
de Paris, en 1850, fut une Pieta : « Tant bien que mal,
raeonte-t-il plaisamment, j'étais venu à bout d'une Pieta :
sur les genoux de la Vierge, le Christ mort, la Madeleine
agenouillée tout auprès. Ravi d'avoir été reçu (je ne devais
pas l'être de nouveau pendant longtemps), je pars dès le
matin, le jour de l'ouverture, pour me contempler dans
mon çeuvre. Arrivé devant ma toile que vois-je ? Deux
figures seulement au lieu de trois ! Je m'approche, étonné;
et je constate avec désolation que ma vierge drapée de
violet se confondait avec le fond qu'ingénument j'avais fait
violâtre. Ce fut ma première leçon de valeurs. Je compris
désormais le'poids d'un ton; c'est de ce jour-là seulement
que je fus peintre. » La Pieta a toujours décoré l'atelier
de Neuillv. De 1850 aussi, La Leçon : un vieux pédagogue