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PII'RRI: PU vis nr: C.HAVAXXKS 271 les élèves, un à un, se retiraient. Nous étions, quand j'y entrai, sept ou huit, dont les cotisations ne fournissaient pas de quoi payer le lover. Deux semaines après mon admission, Delacroix, que cette indifférence énervait, nous mit à la porte. Il était déjà d'ailleurs atteint de cette mala- die du larynx qui devait le tuer; et il ne vivait plus qu'emmitouflé dans ce cache-nez énorme, avec lequel Dalou l'a si originalement représenté dans le monument du jardin du Luxembourg. C'est dire que je n'ai presque rien appris chez lui. Je serais resté plus longtemps son élève que je n'en aurais pas appris davantage. L'artiste, en Delacroix, primait le professeur; son enseignement était fait pour dévoyer plus que pour diriger sainement la jeu- nesse. Des deux corrections qu'il nous a faites j'ai gardé le souvenir précis. Un de mes camarades avait peint une tête d'études brutalement, sans le plus léger souci de la vérité, avec les trucs d'atelier à la mode chez le baron Gros, les narines, les yeux, les oreilles, barbouillés d'un vermillon cru qui hurlait. Entre le maître. Je le vois encore avec sa mous- tache noire, ses cheveux longs, son paletot marron clair, jeter des yeux indifférents sur l'esquisse, l'approcher, l'éloi- gner, et dire enfin : « Pas mal, Monsieur, pas mal du tout; bonne étude! on l'accrochera dans l'atelier. Il y a de la cou- leur, ça chante, c'est très bien. » Je trouvais cela exécrable et archifaux. Quand l'atelier se ferma j'en fus sans regret. » C'est alors que Puvis de Chavannes va chez Couture, où il reste à peine trois mois. On a conté dans la Galette des Beaux-Arts, d'après les témoignages d'anciens camarades, pourquoi il quitta cet atelier : « Un matin, où un jour gris noyait l'atelier dans une pâle clarté, où l'élève s'efforçait de rendre de son mieux lestons argentés et la douce harmonie des chairs, Couture entre et fait sa tournée quotidienne