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208 UN DERNIER MOT pées de toutes parts. » Comme on le voit, M. Steyert, de même que ses devanciers a, lui aussi, « combiné les savants calculs stratégiques qu'on a prêtés trop gratuitement », dit-il, aux chefs des Compagnies. Sa manière d'envisager les opérations militaires qui aboutirent à l'anéantissement de l'armée française paraît, au premier coup d'ceil, très simple; mais ce n'est là qu'une apparence. A mon avis, elle n'est pas suffisante pour faire table rase de traditions six fois séculaires et de tous les documents écrits. Elle ne saurait infirmer non plus l'autorité de ce grand. Froissart qui aimait passionnément l'histoire, cherchait toujours à se bien informer et dont un de nos plus habiles critiques, Siméon Luce, a réhabilité la valeur comme historien. L'opinion du nouvel historien ne saurait résister non plus à l'examen des lieux fait sur place et non pas seulement sur les cartes. Si des documents, récemment mis au jour, prouvent que les assiégeants de Brignais ne se doutaient pas de la possibilité d'une surprise, rien ne permet d'admettre que des chefs expérimentés aient eu l'impru- dence de placer leur camp dans les positions paticuliè- rement défectueuses que leur assigne M. Steyert, près d'une gorge, au pied de hauteurs qui pouvaient être occupées d'un moment à l'autre par une poignée d'ennemis. Et en admettant que les Routiers aient parcouru exactement la route que leur fait suivre le nouvel historien de Lyon, n'eût-il pas été plus naturel que l'idée leur fût venue de tourner l'armée royale dont ils voyaient si bien, des hauteurs, les dispositions dans la plaine? Dans la légende explicative de son plan, M. Steyert, après avoir fait observer que Brignais, se trouvant « sur la rive droite du Garon, n'a pu être assiégé par une armée établie sur la rive gauche de cette rivière, et que les Routiers venant,