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88 UN PRÉCURSEUR DE LA PLEIADE de transition », leur nom même l'indique, n'apparaissent que pour se confondre, et finalement s'annuler dans la transformation dont ils sont les ouvriers inconscients. « Ni la nature, ni Dieu même, — n'a-t-on pas craint de dire, — ne font tout d'un coup tous leurs grands ouvrages : on crayonne avant que de peindre, on dessine avant que de bâtir » ; et le monde en général, qui ne se soucie que de jouir des œuvres; ne connaît, et ne veut connaître que l'édifice ou le tableau. C'est son droit. Tel que j'ai tâché de vous le montrer, l'auteur de Délie a préparé les voies à la Pléiade, mais quand la Pléiade a eu terminé son œuvre, puisqu'on a oublié la Pléiade elle-même, comment aurait- on conservé le souvenir de Maurice Scève ? Il n'a eu que des intentions ou des pressentiments ; d'autres les ont réalisés, qui en ont emporté l'honneur; c'est une vieille histoire, ou plutôt c'est la loi! Rares sont élus qui en ont triomphé : ..... Pauci, quos œquus amavil Juppiler ; et dans la rapidité de la course qui nous entraîne, heureux encore est celui dont le nom du moins, quand son œuvre retombe au néant, ne se sépare pas de quelque chose de plus grand et de plus durable que lui ! Je n'en demande pas plus pour mon poète K Retenez- donc son nom, vous qui savez que le point de vue de l'historien n'est pas celui du dilettante; vous qui avez sans doute éprouvé plus d'une fois ce que la connaissance de l'esquisse ajoute à l'intelligence du chef-d'œuvre ; vous qui pensez enfin qu'après avoir été si longtemps descriptive, le temps est venu, — pour l'histoire littéraire comme pour l'histoire naturelle, — d'être avant tout généalogique. Si vous