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154 NOTICE BIOGRAPHIQUE L'auteur, en effet, dans cette discussion, rencontrait sur son chemin cette importante question de la personnalité d'Homère.—Homère a-t-il réellement existé ? M. Hignard reconnaît que l'on ne peut guère apporter pour résoudre ce problème qu'une preuve de sentiment ; mais il n'hésite pas à se prononcer pour l'Homère de la tradition classique contre l'Homère multiple et impersonnel de Wolf et de Vico. Il se sépare en cela de son ami, M. Emile Egger, auquel sa thèse est dédiée ; mais il a pour lui l'avis d'Ottfried Mïiller, de MM. Guigniaut et Boissonade et de son maître M. Havet. Il a pour lui surtout ce qu'on a si bien appelé « la simplicité de nos impressions. » C'est encore le moyen le plus certain de porter un jugement sur une ques- tion aussi délicate, comme aussi la méthode la plus sûre d'appréciation esthétique. Fidèle à ce principe que nous l'avons déjà vu pratiquer dans son enseignement, M. Hignard nous place, par l'ana- lyse ou la traduction des passages les plus remarquables, en face des beautés de ce recueil. « La poésie, dit-il, comme la musique et les parfums, ne peut s'apprécier à dire de témoins. » Quelques-unes de ces pièces sont char- mantes. C'est un plaisir exquis, que je recommande aux amateurs des lettres anciennes, de les lire dans le texte en s'aidant du commentaire de M. Hignard. Est-il rien de plus joli et de plus gracieux que le récit des amours d'Aphrodite et d'Anchise ? L'hymne à Hermès, malgré les altérations dont il porte la trace, présente quelques passages charmants de grâce et d'esprit. L'hymne à Apollon Délien, outre son intérêt religieux, est bien digne d'Homère, auquel Thucydide l'attribue. Dans l'hymne à Demeter, enfin, le récit de l'enlèvement de Proserpine présente des détails pleins de noble et fraîche poésie.