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n8             UNE PAGE DE LA VIE LYONNAISE

rien de mauvais ; car c'est de là que j'attends l'adoucisse-
ment de ma triste situation : il me semble qu'une occupa-
tion si innocente doit désarmer, si quelque chose désarme.
   « J'ai vu Mme Henri Belmont que je ne connaissais
pas (7) ; toutes les belles personnes, dit-on, font penser à
vous ; mais moi j'éprouve un effet contraire ; je n'ai jamais
trouvé à personne de ressemblance avec vous ; et les yeux
de cette Mmc Henri me semblent aveugles à côté des vôtres.
Camille prétend que vous embellissez ; et cela est vrai,
parce que vous avez plus d'expression qu'à dix-huit ans. »

   Dans cette lettre, nous voyons déjà poindre le germe de
cette douce amitié qui, plus d'une fois, saura faire passer
les jours d'exil en les enveloppant de son charme pénétrant.
   A Paris, au milieu des réunions mondaines, des conver-
sations animées, du mouvement littéraire et politique qui
remplit les salons, les esprits s'éblouissent ; mais les cœurs
se taisent ; ils sont mal à Taise dans cette atmosphère de
plaisir ; c'est à peine s'ils se laissent deviner. — Tandis
qu'à Lyon, pendant l'exil, sous le coup de l'épreuve, ils
s'ouvrent, ils se comprennent, ils parlent le langage qui
sait plaindre et consoler. Aussi les souvenirs de la patrie
lyonnaise comme on se plaisait à la nommer, seront-ils les
plus vivaces et les plus chers.
   Ce qui caractérise ces femmes illustres, aimables entre
toutes, c'est le don de grouper autour d'elles les gens
d'esprit et de valeur. Elles deviennent l'âme d'une société
charmante, société où l'on s'aime et où on le prouve en


  (7) C'était une actrice du Vaudeville alors de passage à Lyon,
connue plus lard sous le nom de Mm= Era. Dupaty ; elle était renom-
mée pour sa beauté.