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DE MASSILLON 251
duite et à la piété de ce grand homme les richesses de la terre et celles
du ciel, puisque vous les jetez avec tant de profusion sur le pompeux
.tombeau que vous lui avez élevé dans ce temple (26).
Ce qu'il était enfin, le prédicateur l'avoue lui-même; est-
il possible de désigner plus clairement ses fonctions de
directeur de séminaire et sa qualité d'étranger que par cette
phrase :
Vérités saintes, vous ne m'êtes pas étrangères, et je ne viens pas ici
détruire ce qu'un emploi sacré m'oblige d'édifier tous les jours ailleurs.
Ces observations épuisées (27), le moment est venu
d'aborder le fond même du discours; mais ici encore,
persévérant dans notre intention, nous examinerons plus
volontiers la vérité historique elle-même que l'art et l'élo-
quence qui ont servi à la présenter et à l'orner.
Le personnage que le Père Massillon avait mission de
louer, pour ses débuts dans l'oraison funèbre, Mgr Camille
de Neuville de Villeroy, est une des figures les plus extraor-
{26) Ces derniers mots servent encore à désigner l'église des Carmé-
lites.
(27) Les détails d'histoire locale sont si difficiles à contrôler que les
plus habiles s'égareut quelquefois. C'est le cas de dire avec Horace :
Non ego paucis offendar maculis. M. l'abbé Blampignon souffrira cepen-
dant que nous indiquions les erreurs échappées à sa plume d'ordinaire
si vigilante. Mgr de Neuville n'est pas mort à l'Hôtel de Ville de Lyon,
mais à l'hôtel du Gouvernement : ces deux hôtels sont assez éloignés
l'un de l'autre, le premier aux Terreaux, le second sur la rive droite
de la Saône dans le quartier Saint-Jean.
Affirmer que les Villeroy, ainsi que les Rohan à Strasbourg, les
Villars à Vienne, formaient à Lyon une sorte de dynastie pontificale se
succédant d'oncle à neveu n'est pas absolument exact. M. Camille fut le
premier de son nom et de sa famille sur le siège archiépiscopal et après
lui nous ne trouvons qu'un seul de ses petits- neveux, François-Paul de