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 510                   LA COUSINE BRIDGET.
 cette malheureuse existence. Ce rayon, c'était l'aimable créature
 dont il a été parlé plus haut, Minna Westrop.
    Elle était fille unique d'un marchand, jadis riche ; mais il avait
 connu le malheur, et pertes sur pertes avaient fini par briser à la
 fois son cœur et son intelligence. Le pauvre Westrop mourut
 enfin, laissant sa fille sans fortune ni amis, car la perte des
 uns avait suivi la perte de l'autre, comme une conséquence na-
 turelle.
    Quand la pauvre Minna se réveilla de l'excès de sa première
 douleur et qu'elle songea que son père, en descendant dans la
 froide tombe, l'avait laissée seule sur la terre, elle regarda avec
 effroi la servante compatissante qui avait vécu tant d'années dans
 la famille, et lui dit, de la voix sourde du désespoir :
   — Hester, que devenir?
   La manière silencieuse dont Hester secoua la tête, n'annonçait
que trop l'abandon de toute espérance ; mais, avant que Minna
eût pu se remettre assez, pour former un plan d'avenir quelcon-
que , la fidèle servante lui plaça dans la main une lettre entourée
d'une large bordure noire, et cachetée avec de la cire de la même
couleur. L'écriture en était inconnue. Minna, ayant défait l'en-
veloppe avec vivacité, lut ce qui suit :

     « Bridget Mac Tavish suppose que, par suite de la mort de
  votre père, vous vous trouvez sans protection. S'il en est ainsi,
  Bridget Mac Tavish (qui est la cousine germaine de votre mère),
  vous prendra à sa charge durant sa vie, et, si elle est satisfaite
  de votre bonne conduite pendant le temps que vous aurez passé
  avec elle, vous laissera, à sa mort, une existence amplement
  assurée. Si cette offre vous paraît de nature à être acceptée, vous
  prendrez immédiatement la diligence pour Hartleigh, village
  éloigné de Londres d'environ 14 milles. Cette voiture passe à la
' porte de Bridget Mac Tavish, sur les six heures, tous les lundis,
  mercredis et samedis. Vous écrirez préalablement deux mots à
  Bridget Mac Tavish, au Cottage, Hartleigh, pour la prévenir du
  jour de votre arrivée. La diligence part à cinq heures, de l'au-