page suivante »
RÉCEMMENT IMPRIMÉS A LYON. 73
L'homme vain et glorieux aime à parler, comme le rossignol à chanter,
en face des échos.
La conscience est comme le patron que chacun retouche pour le faire
aller à sa taille.
L'amour exige tous les sacrifices et n'en fait guères ; l'amour maternel les
fait tous et n'en exige aucun.
Les révolutions sont comme les bals masqués : rarement on y garde son
masque jusqu'Ã la fin.
Il y a des cœurs délicats pour lesquels le pli de la rose est une meur-
trissure.
La destinée est comme les lâches : elle brave les faibles, mais les forts la
dominent.
Je m'arrête. Le plaisir que j'aurais à citer m'entraînerait peut-
être au-delà des bornes étroites qui me sont improsées par le ca-
dre de cet article. Je referme donc, non sans regret, ce petit vo-
lume. Ce que j'en ai dit montrera d'ailleurs à quel coin il est
frappé ; et faisant une légère variante à l'une des ingénieuses
réflexions qu'il renferme, je dirai de lui comme dernier éloge :
'•• On devine l'âme de certaines femmes en approchant de leurs
écrits, comme on sent le parfum de la fleur qu'on ne voit pas. »
La jolie nouvelle Un esprit fort, dont les lecteurs delà Gazette
de Lyon ont eu les prémices, et les pages publiées sous le titre
de Quelques jours à Wiesbaden, sortent de la même plume que
les Pensées. Les idées qui étaient là ciselées en gracieux mé-
daillons, égrenées comme les perles d'un collier, se changent
dans Quelques jours à Wiesbaden en narration brillante, colorée,
enthousiaste, réchauffant et illuminant tout à la fois les froides
et sombres régions du monde politique. J'ai lu plusieurs relations
de voyage à Viesbaden. A l'exception d'une seule, toutes m'ont
paru insignifiantes, puériles même, quand elles n'étaient pas
ampoulées et déclamatoires. Rien ne m'a semblé vrai, convaincu
et naïf comme les Quelques jours à Wiesbaden.
Peut-être les esprits froids, ou sceptiques, trouveront-ils aussi
que l'auteur n'a pas su non plus se défendre des exagérations ;