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458 MONOGRAPHIE HISTORIQUE grand nombre d'abbayes et de prieurés, au XVe siècle. Ce fut leur sécularisation ou leur mise en commende. Cette innovation jetta le désordre dans les maisons religieuses qui furent contraintes à la subir. Les moines, n'étant plus dirigés et contenus par des abbés de leur Ordre, se relâchèrent de la discipline et finirent par se livrer à la mollesse et à l'in- tempérance. La plupart des abus qui ont terni quelques Ordres religieux naquirent de cette imprudente mesure , prise au profil d'ecclésiastiques séculiers et môme de simples laïcs. L'abbaye de Saint-Sulpice en présente un exemple frappant, incroyable même, s'il n'était attesté par un personnage con- temporain, dont le nom et le caractère imposent le plus profond respect. Le récit suivant est extrait d'un livre devenu fort rare, intitulé VAnti-Basilic, par Pierre Camus, évoque de Belley. Au commencement du XVII e siècle, en 1601, l'abbaye de Saint-Sulpice fut donné en bénéfice à un capitaine huguenot, marié et gouverneur de la citadelle de Bourg-en- Bresse. II se nommait Pierre d'Escodeça, seigneur de Boesse, baron de Pardaillan, maître de camp du régiment de Cham- pagne. « Pour accroître le lucre de son benifice, il lui prit en- vie de faire un haras dans le couvent. Ayant rassemblé quan- tité de cavales qui sont fort grandes et belles en Bresse, il fit venir des étalons d'Espagne et d'Allemagne, et de grands Anes d'Auvergne pour faire des mulets. « L'église, grande comme une cathédrale, servait à serrer les fourrages nécessaires à la nourriture de ces animaux, du- rant quatre h cinq mois d'hiver, que la terre, dans ces mon- tagnes, est toujours couverte de neige. A peine restait-il une partie du chœur, autour du grand autel, qui fut libre pour les moines, afin qu'ils pussent y chanter leurs offices. « Au reste, ne vous imaginez pas que les moines s'amu- sassent à cathéchiser les soldats commis au haras, ce cou- vent devint une église militante, car on ne voyait que moines