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336 HISTOIRE DE L AUT MONUMENTAL drale, ne se sont contentés de prendre une église ordinaire et de la construire au double. Il faut qu'en voyant les dessins d'un monument, à quelque échelle qu'ils soient réduits, on se rende à peu près compte, par le sentiment, des dimensions réelles de la construction. La taille humaine, en effet, ne s'agrandit pas, même en entrant à St-Pierre-de-Rome, et quelque gigantesque que puisse être une œuvre de ce genre, c'est toujours la taille humaine qui doit être le point de départ des proportions. Je fais celte observation en passant et en général, car je n'entreprends pas de résumer l'arl bâtard, sans sève et sans vie, de cette époque. Palladio, Serlio, Sca- mozzi, Peruzzi, bien que très forts sur Y emmanchement des plans, comme on dit dans les écoles, devaient conduire où ils ont conduit : à Bernin et au baldaquin de St-Pierre-de-Rome, aux églises de Saint-Ignace et du Gesu, à Rome; a celles de Saint-Sulpice et du Val-de-Grâce, à Paris; tout comme les Garrache et le Guide devaient mener à Piètre de Corlone et à l'Albane, à Boucher et à Vanloo. On sait la tentative de régénération tentée à la fin du dernier siècle. On connaît cette École des Beaux-Arts, au- teur de projets que l'on peut consulter dans la collection des Grands Prix, et qui ressemblent trop souvent aux beaux mo- numents de l'antiquité, à peu-près comme David ressemble à Phidias, et un garde national du temps à un guerrier la- cédémonien. L'on sait aussi la physionomie qu'a revêtue l'ar- chitecture actuelle, effort d'érudition avant tout ; qui a bien pu restaurer les monuments de nos ancêtres, les expliquer, les imiter ; qui a bien su se débarrasser de la défroque de la renaissance pour pénétrer dans le moyen-âge et l'antiquité, mais qui n'est pas encore parvenue à constituer une organi- sation réelle qu'on puisse considérer comme la formule artis- tique de notre époque. Nous ne le savons que trop, les périodes qui ont produit le cours d'un art régulier et complet étaient