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DU BUfiEY. 205 l'ordre, non précisément pour la date de sa fondation, mais a raison des hommes éminents qu'elle a produits. En l'année 1115, deux religieux d'Ambronay, Bernard et Ponce, prennent la résolution de se retirer dans une soli- tude, à l'imitation de saint Bruno. Explorant dans ce dessein, avec l'autorisation de leur abbé, les hautes montagnes litto- rales du Rhône, ils s'arrêtent au dessus de Villebois, près de Benonce et d'Ordonnas, dans le désert de Portes. Ils y posent, assistés de quelques disciples, la première pierre de celte chartreuse. Du haut des montagnes qui environnent ce lieu retiré, ils pouvaient voir la montagne d'où saint Bruno avait parlé au monde chrétien et tracé leur règle austère. Des clercs et des laïcs accourent auprès d'eux et forment une communauté dont Bernard est élu prieur. Cet établissement consistait dans quelques cabanes et un oratoire construit dans la localité de Portes, dite la Correrie. La même année, Gauceran, archevêque de Lyon, vient dans le Bugey et s'empresse d'y visiter ces religieux, les pre- miers qui se soient voués à la vie ôrémitique dans son dio- cèse. Il les trouve plus préoccupés des choses divines que des temporelles. Ils avaient en effet fondé leur chartreuse, sans le patronage et les libéralités d'un personnage puissant, sui- vant l'usage d'alors, et même sans grand souci du possesseur de la terre sur laquelle ils s'étaient assis. Il est vrai que cette terre était une hermiture, éloignée des habitations des hommes, environnée de bois, fréquentée à peu près des seuls animaux sauvages et qu'à raison de sa valeur minime, elle neparaissail pas devoir être l'objet d'une revendication. Aux observations faites par le prélat qui, pour ces religieux dé- tachés des choses de ce monde, avait la sollicitude et les prévisions de l'avenir, Bernard et Ponce répondent : que ce désert sans propriétaire connu leur a paru à la disposition du premier occupant ; que c'est aussi l'opinion des villages