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l'ordre, non précisément pour la date de sa fondation, mais
a raison des hommes éminents qu'elle a produits.
   En l'année 1115, deux religieux d'Ambronay, Bernard et
Ponce, prennent la résolution de se retirer dans une soli-
tude, à l'imitation de saint Bruno. Explorant dans ce dessein,
avec l'autorisation de leur abbé, les hautes montagnes litto-
rales du Rhône, ils s'arrêtent au dessus de Villebois, près de
 Benonce et d'Ordonnas, dans le désert de Portes. Ils y posent,
assistés de quelques disciples, la première pierre de celte
chartreuse. Du haut des montagnes qui environnent ce lieu
retiré, ils pouvaient voir la montagne d'où saint Bruno avait
parlé au monde chrétien et tracé leur règle austère. Des
clercs et des laïcs accourent auprès d'eux et forment une
communauté dont Bernard est élu prieur. Cet établissement
consistait dans quelques cabanes et un oratoire construit dans
la localité de Portes, dite la Correrie.
   La même année, Gauceran, archevêque de Lyon, vient
dans le Bugey et s'empresse d'y visiter ces religieux, les pre-
miers qui se soient voués à la vie ôrémitique dans son dio-
cèse. Il les trouve plus préoccupés des choses divines que des
temporelles. Ils avaient en effet fondé leur chartreuse, sans
le patronage et les libéralités d'un personnage puissant, sui-
vant l'usage d'alors, et même sans grand souci du possesseur
de la terre sur laquelle ils s'étaient assis. Il est vrai que
cette terre était une hermiture, éloignée des habitations des
hommes, environnée de bois, fréquentée à peu près des seuls
animaux sauvages et qu'à raison de sa valeur minime, elle
neparaissail pas devoir être l'objet d'une revendication. Aux
observations faites par le prélat qui, pour ces religieux dé-
tachés des choses de ce monde, avait la sollicitude et les
prévisions de l'avenir, Bernard et Ponce répondent : que ce
désert sans propriétaire connu leur a paru à la disposition
du premier occupant ; que c'est aussi l'opinion des villages