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É P I G R A P H I E LYONNAISE 189 paresseuse, au cours à peine sensible, s'éleva la future capitale de la Gaule, prédestinée par son emplacement même à un développe- ment rapide. Aujourd'hui, aucun voyageur ne saurait quitter Lyon sans avoir fait l'ascension de la colline de Fourvières et s'être procuré la jouis- sance du magnifique panorama qui, de ce point, se déroule devant le regard. Au sud, on aperçoit le mont Pilât dans un lointain bleuâtre; à l'ouest, les montagnes du Lyonnais; au nord, le Mont- d'Or avec ses larges sommets verdoyants; à l'est, les chaînes du Dauphiné et de la Savoie, et, aux limites de l'horizon, le majestueux Mont-Blanc et l'immense développement des Alpes avec leurs nei- ges éternelles ; enfin, devant soi et à ses pieds, la grande ville en- veloppée de ses deux fleuves frayant leurs traces brillantes à travers les contrées bénies du centre et du Midi de la France. Sur la colline et appuyées à ses flancs,rampaient autrefois les ruesdel'ancienLug- dunum, Au-dessous,à la jonction de la Saône et du Rhône, s'élevait, entourée de son enceinte sacrée et de ses dépendances, le temple d'Auguste. Pauvres et peu nombreux sont les restes des monuments de l'ancienne ville parvenus jusqu'à nous : quelques colonnes, quel- ques pans de mur, quelques arcs isolés du grand acqueduc qui jadis amenait l'eau potable du mont Pilât jusqu'à Lyon ; voilà tout ce qui a survécu du naufrage des siècles. Sur le vieux Lyon païen s'est superposé le Lyon chrétien moderne. Où l'on voyait autrefois, suivant la tradition, l'ancien forum, se dresse aujourd'hui l'église de Notre-Dame de Fourvières couronnée de sa colossale statue dorée de la Vierge. Sur l'emplacement du grand hospice de l'Anti- quaille s'élevait, suppose-t-on, le palais impérial, résidence des gouverneurs. L'imagination même la plus hardie serait impuis- sante à se faire, à l'aide de si pauvres vestiges, une idée de tout ce passé disparu. Malheureusement, les écrivains eux-mêmes ne nous offrent qu'un bien faible dédommagement. Que connaîtrions-nous de l'em- pire romain si nous en étions réduits, pour nous en former une idée, à puiser uniquement dans Tacite? Qu'importait à ce noble Romain la vie dans les provinces? et de quoi se souciait le public pour lequel il écrivait, sinon de Rome et de la maison de l'empereur, des intrigues du palais, des procès de haute trahison ou des ex-